Dès lundi, les sportifs pourront à nouveau pratiquer leur passion. Président de Swiss Olympic et ancien conseiller national de l'UDC, Jürg Stahl parle des grands défis à venir dans une interview à Keystone-ATS.
Le sport va reprendre lundi de façon limitée. A quel point est-ce important?
«C'est très important. C'est un signal positif. D'une part, en raison du besoin de redevenir physiquement actif, et d'autre part sur le plan mental. Il est important de reprendre la vie de club, même si vous n'êtes que quatre ou cinq. Je trouve passionnant de recevoir maintenant presque toutes les heures des mails de clubs dont je suis membre. Athlétisme, tennis, etc. Ils annoncent comment les choses peuvent commencer le 11 mai. Au début, nos équipes et moi-même étions présents lorsque les concepts de protection ont été élaborés et là je vois les résultats concrètement.»
Parce que le sport remplit une fonction sociale importante
«Exactement. Le sport, c'est plus que de l'exercice et de la compétition. C'est une question d'interaction entre les gens, tout comme dans les affaires. La valeur de cette interaction est incontestée. J'ai dit cela avant que le virus n'apparaisse, mais maintenant nous en sommes encore plus conscients parce que nous en étions privés.»
Le sport ne semblait pas jouir d'un puissant lobby au Conseil fédéral. Est-ce un inconvénient que vous ne soyez plus au Conseil national?
«Cela fait presque un an que j'ai passé mon dernier jour au Parlement. J'ai le sentiment que cela a servi la cause que je ne sois plus au Conseil national. Je peux m'adresser davantage qu'avant à mes anciens collègues parlementaires en tant que représentant du sport. Le fait que je ne porte plus ces multiples casquettes m'a plutôt libéré. Avant, je devais me justifier: il veut quelque chose pour le sport, autrement il va freiner avec l'UDC. Mais mon réseau n'a pas disparu. Et puis je ne saurais pas comment gérer le travail à Berne et comme président de Swiss Olympic en ce moment. Et au reproche selon lequel le sport ne jouit pas d'un puissant lobby, je ne suis pas d'accord. Le fait que le sport ait rapidement reçu 100 millions de francs ou que l'indemnisation du chômage partiel ait également été rendue possible pour les contrats temporaires, montre l'importance du sport pour le Conseil fédéral. Le sport est également déjà impliqué dans la deuxième vague d'assouplissement des mesures. Les préoccupations du sport ont toujours été acceptées par le Parlement et le Conseil fédéral ces dernières années. De ce point de vue, je ne pense pas qu'on puisse dire que le sport n'est pas influent.»
Le sport, avec la culture, est probablement le domaine le plus touché par le COVID-19. Faut-il avoir peur pour le sport?
«Il ne faut pas avoir peur, mais il faut avoir les bons scénarios prêts dès maintenant. Il y a une interaction entre le sport populaire et les événements de moyenne et grande envergure, et il y a aussi une interaction avec la nature internationale du sport. C'est pourquoi nous avons lancé le «Projet d'économie du sport» et travaillons d'arrache-pied à l'élaboration de scénarios et d'un catalogue de mesures pour que nos associations soient armées pour l'avenir. Les besoins sont très variés. Par exemple, nous ne savons pas quel sera l'effet d'un déclin marqué de la croissance économique sur les budgets des autorités locales dans les années à venir. Je ne veux pas tout peindre en noir, mais il serait fatal de penser que tout sera fini lorsque les spectateurs seront à nouveau autorisés à assister à des événements sportifs. C'est pourquoi il est impératif de penser en termes de scénarios. C'est sans doute le plus grand défi pour le sport depuis des décennies, mais nous ne sommes pas seuls. C'est une crise qui touche toutes les couches de la société. Voilà pourquoi je ne dirais pas que le sport et la culture sont les plus touchés.»
Les gens sont très critiques face aux exigences du football professionnel. Est-ce que ce jeu de pouvoir pourrait être contre-productif pour le sport en général?
«Il y a un risque, nous en sommes parfaitement conscients. Considérer le sport de compétition de manière isolée ne conduira pas au succès politique ni à une acceptation populaire. Nous devons toutefois être conscients des ramifications. Prenons l'exemple des Zurich Lions: si la première équipe devait disparaître, un grand nombre d'équipes juniors et féminines, ainsi que de nombreux emplois en dépendraient. Pour de nombreux clubs, le succès dans l'élite paie le fonctionnement des ligues inférieures. Nous devons expliquer ces imbrications. Les clubs professionnels ne sont que la partie visible de l'iceberg, mais il est également important qu'ils connaissent du succès. Nous devons trouver un moyen de préserver tout l'iceberg et de montrer que le sport dans son ensemble est essentiel.»
Quand pensez-vous que des événements avec des spectateurs seront à nouveau possibles?
«Cela sera déterminer par l'évolution de la pandémie. On ne peut pas l'arrêter politiquement, mais peut-être pouvons-nous apprendre à vivre avec le risque. Mais mon avis importe peu. Mon travail consiste à imaginer des scénarios et à créer des modèles afin que nous puissions dire à quoi ressemblera la situation si, par exemple, une saison entière de la Coupe du monde de ski est annulée. Nous ne devons pas oublier: tous les sponsors travaillent également sur des scénarios d'urgence. Ils sont plus susceptibles de couper le sponsoring que de licencier des gens. Ou voyons ce qui se passe avec les frontières. Si elles restent très surveillées, nous pourrons peut-être à nouveau organiser des événements avec des spectateurs en Suisse, mais cela ne sera pas très utile pour le Weltklasse ou pour les Swiss Indoors si aucun athlète étranger n'a le droit de venir. L'autre question est de savoir si les gens reviendront quand ils seront autorisés à le faire. C'est notre mission: pouvoir dire ce qui va déclencher cela.»