L'ancien champion du monde français Luc Leblanc, heurté par la vie et souvent décrié dans le peloton, a frôlé le suicide. Il l'a dit à l'occasion de la sortie d'un livre retraçant son parcours.
«Ce jour-là, j'ai pris mon fusil et je suis monté dans un bois, raconte-t-il. (...) J'ai mis le canon du fusil sous ma gorge. (...) Puis j'ai pensé à mes deux enfants et à ma famille. Finalement, j'ai posé le fusil et je suis redescendu dans mon village», explique-t-il dans Le Parisien.
Cet évènement, poursuit-il, est arrivé cinq ans après la fin de sa carrière en 1998, alors que le cycliste, aujourd'hui âgé de 56 ans, était «au bout du rouleau, en pleine dépression», accusé par le fisc d'être «un tricheur» en raison d'un contrôle fiscal provoqué par un mauvais conseiller financier.
Dopage
Porteur du maillot jaune sur le Tour de France en 1991, champion de France 1992 puis du monde en 1994, Luc Leblanc a connu une carrière haute en couleur lors d'une époque qui vira toutefois au noir pour le cyclisme en raison du dopage. «Mes proches m'ont dit qu'il était temps de raconter mes souffrances. J'en ai bavé, j'ai reçu mon lot de quolibets injustes», ajoute Leblanc. Il ne s'était jamais livré avant de publier «Moi, Lucho. L'important c'est de rester vivant».
L'ancien coureur a dilapidé ses gains par la faute de mauvais choix et de mauvaises rencontres et reconnaît vivre «de contrats à droite ou à gauche». Il revient également sur ses mauvaises relations avec Laurent Fignon et Richard Virenque, les deux stars françaises du peloton d'alors, et son recours au dopage.
Violence psychologique
«J'étais chez Festina à l'époque et je suis allé voir notre médecin. Je lui ai dit que je ne comprenais pas la transformation de certains coéquipiers. Il m'a expliqué que si je voulais suivre, je devais faire comme eux. Sinon, j'étais fini. J'ai accepté d'en prendre un peu (...) pour réduire la fatigue dans mon corps», avoue-t-il.
«Je n'ai pas voulu de dose qui m'aurait transformé en plus fort. Cela a pourtant été un cas de conscience terrible. Une grande violence psychologique», poursuit-il.
«Au procès Festina, (...) je l'ai dit aux juges pour libérer ma conscience. Je sais que certains dans le milieu vont dire après cette interview que je parle encore trop. Mais aujourd'hui, j'ai besoin de tout raconter», conclut cet écorché vif, marqué à vie et dans sa chair par un accident de la route qui, plus jeune, a également coûté la vie à son frère.