Tour de Romandie
Sous pavillon suisse, UAE-Emirates est "la 6e ou 7e équipe du monde"

ATS

2.5.2019 - 06:34

Un acronyme peu engageant accolé à une compagnie aérienne qui fait beaucoup voyager en rêve: l'équipe UAE-Emirates est pourtant une des grandes structures du peloton du World Tour. Elle est dirigée par l'ancien coureur Mauro Gianetti, désormais intronisé «prince des Emirats».

Mauro Gianetti est le directeur sportif de l'équipe UAE-Emirates.
Mauro Gianetti est le directeur sportif de l'équipe UAE-Emirates.
Source: Keystone

Le Tessinois règne sur une structure de 90 personnes en tant que directeur général, mais les propriétaires sont bien émiratis. Comme coureur, Gianetti a connu quelques glorieux succès comme le doublé Amstel Gold Race – Liège-Bastogne-Liège en 1995.

Il a aussi fêté une deuxième place au Championnat du monde à Lugano en 1996 derrière le Belge Johann Museeuw. Du temps de l'équipe Helvetia-La Suisse, il était de loin le coureur le plus employé par Paul Köchli.

Une fois la compétition terminée, Gianetti a continué à se démener dans le monde du vélo. Il fut le directeur sportif de l'équipe Saunier-Duval. Après une fin abrupte, il a rebondi au soleil des Emirats arabes unis.

«Tout s'est un peu précipité à la fin de la saison 2016. L'équipe italienne Lampre allait disparaître. J'avais des contacts dans les Emirats, mais c'était plutôt pour la saison 2018. Mais une place s'offrait dans le World Tour, il fallait la saisir», précise Gianetti pour expliquer la naissance sur les fonts baptismaux de l'équipe des Emirats, à ne pas confondre avec la formation Bahrain-Merida, aussi membre du World Tour.

Travailler sans pression

L'équipe affiche un fort accent italien, que ce soit au niveau des coureurs ou du personnel. «Notre base est d'ailleurs située près de l'aéroport de Milan-Malpensa», souligne le Tessinois.

Les vedettes de la formation sont l'Italien Fabio Aru, actuellement arrêté par une blessure et qui reviendra pour la Vuelta, l'ancien champion du monde portugais Rui Costa, l'Irlandais Daniel Martin, le sprinter colombien Fernando Gaviria et le Suisse Tom Bohli, en évidence mardi lors du prologue.

«Nous sommes actuellement la sixième ou septième équipe du monde, estime Gianetti. Nous espérons encore progresser.» Il ne dévoilera pas le budget de son équipe, «mais nous pouvons travailler dans de bonnes conditions», lâche-t-il dans un sourire.

Et surtout l'équipe peut s'aligner en course sans pression. «Nos commanditaires ne nous demandent rien au niveau des résultats, ce sont les coureurs eux-mêmes qui se fixent des objectifs et se mettent la pression pour les atteindre.»

Une vitrine pour la promotion du vélo

Pourquoi les propriétaires émiratis de l'équipe ne cherchent-ils pas les résultats à tout prix ? «En fait, les gouvernements des sept Emirats ont décidé de promouvoir la pratique du vélo dans leurs Etats. Il leur fallait une vitrine pour illustrer leur projet. Le concept de l'équipe professionnelle collait bien à leurs desseins.» Bien sûr, à première vue, le vélo semble faire tache dans des pays où les voitures sont reines et les températures proches de 50 degrés de juin à septembre !

«Détrompez-vous. Un grand effort est fait en faveur de la bicyclette, assure Gianetti. Ainsi à Dubaï, ils ont construit une piste cyclable de 100 km, entièrement fermée. Elle est éclairée avec des lampadaires chargés par des panneaux solaires. C'est clair que les gens font plutôt du vélo quand le soleil se couche.»

L'équipe UAE-Emirates vit sa troisième saison. Son avenir est-il assuré ? «Je ne me fais aucun souci. Nous avons signé des contrats à long terme. Ainsi, l'espoir slovène Tadej Pogacar s'est engagé pour cinq ans.»

Un coureur des Emirats fait partie de l'effectif: Yousif Mirza. Il avait remporté le titre de champion d'Asie en 2018. Mauro Gianetti pourra-t-il trouver des coureurs émiratis ces prochaines années pour faire encore monter la côte de popularité de son équipe dans son propre jardin ? «La Youth Academy d'Abou Dhabi fait un bon travail. Il faudra voir dans quelques années.»

En attendant, Mauro Gianetti peut se targuer d'avoir l'une des plus belles réserves de «miles» sur son compte. Il se rend environ douze fois par année dans les Emirats.

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