Sensation et émotion à Los Angeles : Wyndham Clark, qui n'avait jusque-là jamais fait mieux qu'une 75e place en Grand Chelem, s'est offert l'US Open. L'Américain a résisté à Rory McIlroy et à la pression de l'exploit d'une vie, dimanche à Los Angeles.
«Je crois que ma maman me regardait aujourd'hui. Tu me manques... J'ai travaillé si dur et j'ai visualisé si souvent ce moment où je me retrouverais dans cette position. C'était mon heure», a commenté le vainqueur, après avoir séché ses larmes sur le green du no 18 où il a assuré le par pour acter son triomphe inattendu.
De quoi en effet se montrer à la hauteur de la demande de sa mère, Lise, qui lui mit son premier club dans les mains enfant et l'avait enjoint à «jouer pour quelque chose de plus grand que lui», juste avant de mourir d'un cancer du sein il y a dix ans, à l'âge de 55 ans.
«Quand je joue, je veux le faire pour elle. Je veux montrer à tout le monde la personne que je suis et la joie que j'éprouve à jouer, en espérant pouvoir inspirer les gens», avait-il expliqué ces derniers jours quand l'attention a commencé à se porter sur lui.
«Je peux le faire»
Parti en pole position en début d'après-midi, ex aequo avec son compatriote Ricky Fowler qui a craqué et fini 5e, Wyndham Clark a mené la danse tout au long du quatrième tour, devant Rory McIlroy. Le Nord-Irlandais, lauréat de l'épreuve en 2011 et qui rêvait d'un cinquième Majeur, a échoué à un coup. Le no 1 mondial Scottie Scheffler s'est classé 3e à trois unités.
Clark (29 ans) a placé un birdie dès son premier trou et n'a ensuite jamais eu la faiblesse de regarder dans le rétroviseur. Pourtant, après avoir compté jusqu'à trois coups d'avance, son matelas s'est subitement réduit à une unité, en raison de deux bogeys consécutifs.
«Les US Open sont difficiles, surtout quand il s'agit d'essayer de gagner sur les neuf derniers trous. Mais je me suis senti à l'aise et j'ai continué à me dire : ‘je peux le faire, je peux le faire’», a dit Wyndham Clark, qui a en effet tenu bon dans la dernière ligne droite en assurant le par sur les nos 17 et 18, sans trop trembler et laissant même apparaître un sourire en chemin.
Il y avait pourtant de quoi, au regard de sa propre histoire avec la petite balle blanche et des échecs répétés qui ont jalonné sa carrière depuis ses débuts en 2017 chez les professionnels. Et qui ne laissaient pas entrevoir la perspective de succès, jusqu'à cette année.
Hors du top 200 fin 2021
Il y a un an et demi encore, Clark ne figurait même pas dans le top 200 mondial. Il a ensuite manqué le cut à 24 reprises entre 2021 et 2022, avant de surgir presque de nulle part ces derniers mois, s'offrant le Wells Fargo Championship, aux dépens de Xander Schauffele, champion olympique en titre.
Auparavant, il avait terminé 10e à l'Open de Phoenix et 5e au Valspar Championship, avant de se montrer au Memorial avec une 12e place il y a deux semaines. De quoi se hisser au 32e rang, juste avant ce Majeur qui lui a tendu les bras, après l'avoir renvoyé à ses études après seulement deux tours lors des deux précédentes éditions.
L'US Open, qui prenait ses quartiers au Country Club de L.A. pour la première fois, échappe donc de peu à Rory McIlroy. Celui-ci n'a plus remporté de Majeur depuis 2014 et ses victoires au Championnat PGA et au British Open.
«Je regretterai certaines occasions manquées au putting», a soufflé le Nord-Irlandais. «J'ai eu du mal dans mes approches tout au long de la journée. Je me suis accroché et je me suis battu jusqu'à la fin, mais je n'ai pas réussi à faire le travail.»
AFP