La 13e étape du Tour d'Italie, qui se termine à Crans-Montana, a été raccourcie à 74 km seulement et son départ retardé. La cause en est une météo une nouvelle fois très défavorable, ont annoncé les organisateurs du Giro.
Les ennuis continuent pour le Giro: la 13e étape du Tour d'Italie, premier grand rendez-vous en montagne, a été rabotée vendredi après un bras de fer entre le peloton et les organisateurs auxquels rien ne semble épargné dans cette 106e édition. C'est avec quatre heures de retard sur l'horaire initialement prévu que le peloton s'est élancé à 15h00 en direction de Crans Montana, énième soubresaut d'un Giro qui accumule les problèmes depuis le départ le 6 mai.
Alors qu'une quarantaine de coureurs, dont le grand favori Remco Evenepoel, ont déjà abandonné à cause du Covid-19 ou d'autres virus, le temps est particulièrement mauvais depuis une dizaine de jours, avec des inondations dramatiques dans le nord de l'Italie qui ont causé la mort d'au moins 14 personnes.
Vendredi matin, il pleuvait à nouveau des cordes au départ, conduisant les organisateurs à repousser l'horaire et le lieu du coup d'envoi. «A cause des conditions météo défavorables, la commission de course a décidé d'accéder à la demande des coureurs d'appliquer le protocole sur les conditions météo extrêmes. La 13e étape sera raccourcie avec le nouveau kilomètre zéro donné à Le Châble, au pied de la Croix-de-Coeur», ont indiqué les organisateurs.
Au lieu d'emprunter le col du Grand-Saint-Bernard, qui devait être le point culminant de ce Giro et qui avait déjà été raboté à cause d'un enneigement trop important, les coureurs, après un transfert en bus, ont donc attaqué directement par la redoutable Croix-de-Coeur (15,4 km à 8,8%).
Descente «scabreuse»
L'étape, qui devait faire 199 km dans sa version déjà raccourcie, ne faisait plus que 74 km, même si la montée finale vers Crans Montana (13,1 km à 7,2%) était maintenue. Cette décision est le fruit d'un compromis entre les organisateurs de RCS et les coureurs, dont les intérêts ne convergent pas toujours. Pour RCS, il s'agissait de sauver l'étape, pour les coureurs de préserver leur santé.
Selon Adam Hansen, président du syndicat des coureurs, ils ont voté à plus de 90% jeudi soir, pour raccourcir l'étape. Mais pas selon l'itinéraire finalement retenu. Le peloton voulait garder le col du Grand-Saint-Bernard, où le temps était effectivement plutôt clément vendredi, et zapper la Croix-de-Coeur.
Le Giro a fait vendredi une contre-proposition que le peloton a finalement acceptée. «C'est une bonne décision si on veut arriver à Rome (le 28 mai) avec au moins 50 coureurs», sur les 176 au départ, a estimé le maillot rose, le Britannique Geraint Thomas.
Mais il restait des doutes concernant notamment la descente de la Croix-de-Coeur dont le revêtement a été signalé en très mauvais état. «J'ai des amis qui y sont allés hier, j'ai vu quelques photos, ça a l'air assez scabreux», a commenté le coureur français Aurélien Paret-Peintre.
«Tout le monde est carbonisé»
«La préoccupation des coureurs portait surtout sur la descente de la Croix-de-Coeur qui est potentiellement dangereuse. Je ne comprends pas ce compromis», a déploré l'Australien Jack Haig.
Certains coureurs désapprouvaient même la décision de raccourcir l'étape tout court, à l'image de l'Italien Gianni Moscon: «Oui la météo est mauvaise, oui on est fatigués. Mais l'étape pouvait être courue et ceux qui voulaient s'arrêter pouvaient le faire. Personne ne nous oblige à être cycliste».
Mauro Vegni, le directeur du Giro, qui dit «regarder le ciel tous les matins en ce moment», a défendu une position d'équilibre. «Le Giro est cette année dans une situation particulière et on doit protéger les athlètes pour qu'ils arrivent à Rome. C'est pourquoi on a voulu répondre un peu à leurs demandes tout en préservant le caractère sportif de l'étape», a-t-il dit.
La décision n'était de fait pas basée uniquement sur les conditions météo du jour, mais aussi sur l'état de délabrement général dans lequel se trouve le peloton. Vendredi, un 41e coureur a abandonné sur maladie, le Danois Mads Pedersen, champion du monde 2019.
«Il y a un trop plein de tout. La pluie, le froid, tout le monde est carbonisé alors qu'on n'a même pas commencé la montagne», a résumé le grimpeur français Thibaut Pinot.
ATS