Westher Molteni «Le 3x3 n'est plus seulement un sport d'été»

ATS (Gilles Mauron)

4.5.2023 - 16:06

Le basket helvétique ne peut légitimement rêver de Jeux olympiques qu'au travers du 3x3. Le rêve ne s'était pas matérialisé pour Tokyo 2021 et le temps presse pour qu'il se concrétise à Paris 2024, alors que les premiers tickets donnant accès à un tournoi de qualification seront attribués le 4 juin à l'issue de la Coupe du monde.

Westher Molteni a quitté fin mars son poste de responsable du 3x3 chez Swiss Basketball.
Westher Molteni a quitté fin mars son poste de responsable du 3x3 chez Swiss Basketball.
KEYSTONE

«Le classement mondial publié le 1er novembre sera déterminant pour les JO. J'espère qu'on aura tous investi suffisamment d'ici là», lâche Westher Molteni, Monsieur 3x3 en Suisse, qui a quitté fin mars son poste de responsable de la discipline chez Swiss Basketball. «Il commençait à y avoir une sorte de conflit d'intérêts», glisse-t-il.

«Au départ, Lausanne était la seule équipe suisse de haut niveau, et on était vraiment les mieux placés pour défendre les intérêts du 3x3. Mais avec l'émergence de la Team Montreux et l'arrivée de la Team Fribourg, la donne a changé», poursuit le Tessinois de 36 ans, précisant toutefois qu'il n'avait pas son mot à dire dans un processus de sélection.

«En l'état, c'est dans mon rôle de joueur que j'apporte le plus au 3x3», enchaîne le meilleur Suisse au classement mondial (51e), qui a vécu «des semaines très chargées» avec l'organisation à Lausanne les 22/23 avril d'un tournoi Super Quest – qualificatif pour un Masters – dans lequel son équipe n'a pas brillé (10e sur 12).

Une priorité

«A un autre de montrer la voie à suivre et de faire comprendre que le 3x3 doit être une priorité en Suisse», souligne Westher Molteni, à qui Domenico Marcario a succédé au poste de responsable de la discipline au sein de la fédération. «Le 3x3 n'est plus seulement un sport d'été, comme le beachvolley», tonne-t-il.

La comparaison avec le (beach)volley est évidente. Les chances d'y voir un «petit» pays briller malgré un réservoir limité y sont forcément plus grandes que lorsqu'il s'agit d'avoir au moins cinq ou six joueurs ou joueuses de très haut niveau. Le beachvolley a déjà rapporté deux médailles olympiques à la Suisse.

«Je connais bien Anouk (Vergé-Dépré) et Joana (Heidrich)», qui se sont parées de bronze aux JO de Tokyo. «Elles ont travaillé d'arrache-pied tous les jours pour réaliser leur rêve. Elles n'auraient pas pu y parvenir si elles avaient également joué en volleyball traditionnel dans le championnat suisse», lâche-t-il.

Guère le choix

Or, derrière les trois Lausannois (Molteni, Gilles Martin et Marco Lehmann), les cinq meilleurs Helvètes dans la hiérarchie – tous membres de la Team Fribourg en 3x3 – sont soit engagés en play-off de SBL (Thomas Jurkovitz avec Genève, son frère Natan avec Olympic) soit blessés (Jonathan Kazadi, Paul Gravet, Jonathan Dubas).

En conséquence, et sans faire injure à la Team Lausanne qui porte haut les couleurs helvétiques sur le circuit mondial, il n'y aura guère le choix à l'heure de composer l'équipe qui représentera la Suisse lors de la Coupe du monde à Vienne (30 mai-4 juin). Reste à désigner celui qui accompagnera le trio lausannois.

«Difficile d'imaginer qu'un joueur n'ayant pas pu se préparer en 3x3 fasse partie de l'équipe de Suisse pour la Coupe du monde», convient Hervé Coudray, responsable technique national à Swiss Basketball. «Et je ne souhaite à personne d'être éliminé rapidement des play-off», dont la finale doit démarrer le 3 juin seulement.

Autres soucis, même conséquence

Les clubs masculins de SBL ont en effet refusé de raccourcir – ou d'interrompre – le championnat dans l'optique de cette Coupe du monde. Chez les dames, la finale des play-off s'est terminée le 22 avril. «C'est plus facile d'avoir une saison plus courte chez les dames avec seulement six équipes en SBL», rappelle Hervé Coudray.

«Une demi-douzaine de filles ont ainsi pu commencer à se préparer en 3x3 dès la semaine suivant la fin du championnat», se réjouit le technicien français. Parmi elle, Nadia Constantin, Meline Franchina, Eléa Jacquot et Lin Schwarz ont été retenues pour représenter la Suisse en qualification pour la Coupe du monde ce week-end.

Un quatuor inédit donc. Trois titulaires potentielles ont en effet dû renoncer au rendez-vous d'Eilat en Israël, où trois équipes par genre obtiendront leur ticket pour la phase finale de Vienne: Marielle Giroud et Nancy Fora sont blessées, alors qu'Evita Herminjard est encore engagée en club en 2e division française...

Au bout du compte, malgré une situation moins complexe que chez les messieurs, la problématique reste la même pour les dames. Le manque de réservoir est un frein à des ambitions pourtant légitimes pour un «petit» pays qui pointe aux 12e (messieurs) et 20e (dames) rangs dans le classement mondial de la discipline.

ATS (Gilles Mauron)