Voilà maintenant 105 ans que le siège du CIO est établi à Lausanne. Si la lune de miel fut orageuse, l'amour brûle aujourd'hui d'une ardeur qui ne se discute pas.
L'Histoire est parfois piquante. Alors que le monde lutte aujourd'hui contre un ennemi qui le met à genou, le contexte de l'arrivée du siège du CIO à Lausanne doit beaucoup aux tumultes causés par une crise majeure: la Première guerre mondiale.
Alors que la France lutte contre l'Allemagne, le baron Pierre de Coubertin se gratte la tête. Le siège se trouve alors à Paris et les Jeux de 1916 doivent se dérouler à Berlin. Par peur que les Allemands ne réquisitionnent le CIO au sortir de la guerre en cas de victoire (ils seront finalement annulés), de Coubertin cherche un endroit neutre. Et le 10 avril 1915, le Français signe l'accord de transfert avec le syndic de l'époque, Paul Maillefer.
Frappé d'un lyrisme certain, le baron s'exclame alors une fois le document marqué: «Le Pays de Vaud est terre de soleil, d'équilibre et de liberté. L'Helvétie a la configuration politique idéale: le fédéralisme et la neutralité font de la Suisse la seule véritable démocratie d’Europe, un jardin d'essai des nations civilisées, la réussite politique la plus parfaite que l'humanité a réalisé.»
Les fédérations suivent
Cet amour pour la Suisse ne s'est pas matérialisé ce jour-là. Non, il est intervenu bien avant. Dans la «Revue Olympique», le baron écrivait: «Le point de convergence du sport universel est désormais fixé: c'est la Suisse!» Quelques années auparavant, de Coubertin avait été impressionné par la région lémanique lors d'une visite avec un autre baron, Godefroy de Blonay, fondateur du comité olympique suisse en 1912 et président intérimaire du CIO de 1916 à 1919 lorsque de Coubertin travaillait à la Maison de la presse de l'armée française.
Installé d'abord au Casino de Montbenon de 1915 à 1922, puis dans la villa Mon-Repos jusqu'en 1968, le siège se trouve aujourd'hui à Vidy au bord du lac. Totalement rénové, le nouveau bâtiment a été inauguré l'an dernier. Et en 1993, c'est le Musée olympique qui a vu le jour. Il est aujourd'hui le deuxième musée le plus visité du pays avec plus de 250'000 personnes chaque année.
Mais en plus du siège, ce sont plus de 50 fédérations internationales qui ont décidé d'établir leurs quartiers dans la capitale olympique. Lausanne est d'ailleurs la seule ville à pouvoir être identifiée par ce nom, et ce depuis 1994.
Et l'histoire d'amour entre la ville et le CIO ne risque pas de se faner de sitôt. Lors des festivités marquant les 100 ans de l'institution en terres vaudoises, le président Thomas Bach a lâché: «Je suis un Lausannois.» Dans cette Suisse sûre et neutre, le CIO a su se développer.
Mêmes les troubles liés aux droits sportifs colossaux et à l'argent brassé par le CIO n'ont pas ébranlé le lien entre la cité vaudoise et le Comité International Olympique. Les conditions proposées aux fédérations se révèlent toujours excellentes. Il ne manque finalement qu'une chose dans cette idylle, c'est l'organisation des JO. Les six candidatures pour les Jeux d'été (1928, 1936, 1944, 1948, 1952, 1960) n'ont jamais été couronnées de succès. Pareil en tant que co-organisateur des Jeux d'hiver. Mais la ville a pu se consoler au mois de janvier dernier avec les Jeux olympiques de la Jeunesse.