Remco Evenepoel a pris une nouvelle dimension avec le titre de champion du monde. La jeune star belge marche sur les traces d'Eddy Merckx, son légendaire compatriote. Pas mal pour un athlète qui ne pensait jamais devenir coureur professionnel.
Seulement quatre ans après son titre mondial junior à Innsbruck, Remco Evenepoel, 22 ans, a dominé toute l'élite pour se retrouver au sommet d'un podium du Championnat du monde élite. Pourtant, ses parents étaient persuadés jusqu'à ses 17 ans qu'il embrasserait une carrière de footballeur professionnel. Comme milieu de terrain très prometteur, il est passé par les centres de formation d'Anderlecht et du PSV Eindhoven.
Un semi-marathon pour récupérer
Une anecdote résume merveilleusement le caractère exceptionnel du jeune Remco. Lorsque son ancien entraîneur chez les juniors M16 d'Anderlecht, Stéphane Stassin participe au semi-marathon de Bruxelles en octobre 2016, il n'en croit pas ses yeux: il est dépassé par un de ses jeunes joueurs. «J'ai vu quelques Kenyans aux avant-postes et ensuite le jeune Remco en 7e ou 8e positions. Nous avions joué la veille, et j'avais dit aux joueurs qu'ils devaient se reposer. Mais visiblement, un match entier dans les jambes ne le gênait avant de courir un semi-marathon», se souvient Stassin dans un entretien avec l'AFP.
Mais bien que possédant des capacités athlétiques hors-normes, il lui manquait pourtant comme footballeur la technique et avant tout l'explosivité. Et la distance avec sa famille commençait à lui peser. Il a perdu la joie de jouer et une blessure l'a mené près de la dépression.
Des débuts fracassants
Au printemps 2017, il décide de miser sur une carrière dans le sport cycliste. Les succès sur la selle ne tardent pas à se présenter. Entre mai et septembre 2018, il prend part à trente-huit courses juniors et en gagne vingt-huit, entre autres la course en ligne et le contre-la-montre des Championnats de Belgique, les Championnats d'Europe et le Championnat du monde. C'est l'emballement médiatique immédiat dans la presse belge. Evenepoel est affublé du nom de «petit cannibale» en référence avec Eddy Merckx, le «Cannibale». On lui prédit les plus beaux succès dans les grands tours.
Evenepoel ne déçoit pas. Il est également pressé chez les «grands» et remporte la Clasica San Sebastian lors de sa première saison professionnelle en 2019. Une des classiques d'un jour les plus exigeantes. Sa médaille d'argent au contre-la-montre à la fin de la saison 2019 prouve son développement express. Rien ni personne ne semble capable de l'arrêter, même une chute effrayante au Tour de Lombardie 2020, qui le laisse avec une fracture du bassin et une contusion aux poumons.
Après une pause de plusieurs mois et une saison 2021 en veilleuse, il a retrouvé toutes ses capacités au moment d'aborder la saison présente. Il triomphe en solitaire à Liège – Bastogne – Liège après une attaque dans la Côte de la Redoute, remporte la Vuelta il y a deux semaines, 44 ans après la dernière victoire d'un Belge dans un grand tour et boucle sa saison de rêve avec un solo triomphant au Championnat du monde.
Triplé rare
Après son succès à Wollongong dimanche, Evenepoel devient le quatrième coureur de l'Histoire, qui remporte la même année, un Monument (une des cinq plus grandes classiques), un grand Tour et le titre mondial. Avant lui, seuls l'Italien Alfredo Binda (1927), Merckx (1971) et le Français Bernard Hinault (1980) y étaient parvenus.
Quel fut la clé pour réussir une telle saison? « J'ai appris cette année à composer avec la pression et c'est sans doute la raison principale qui explique mes succès», souligne Evenepoel. «Porter ce maillot ne rend pas les choses plus simples. Mais heureusement, j'ai ma famille et mes coéquipiers autour de moi pour m'aider. On ne gagne jamais tout seul et on ne peut pas également rester seul. Je l'ai appris pendant la convalescence après mon accident.»
Il est désormais clair que la décision d'Evenepoel d'arrêter le football valait de l'or.