L'année 2020 n'aurait pu démarrer de manière plus prometteuse pour Loïc Gasch, auteur d'un record personnel (2m27) dès le 5 janvier. La pandémie du coronavirus freine forcément la progression du Vaudois. Mais cette situation «ravive ma flamme», affirme-t-il.
A bientôt 26 ans (il les fêtera le 13 août), Loïc Gasch semble mûr pour franchir un palier supplémentaire après un exercice 2019 gâché par une double blessure à une cuisse. «Je pense être capable de franchir 2m30 voire plus dès cet été», glisse-t-il.
Le report des Jeux de Tokyo à l'été 2021 ne le dérange pas forcément. «Cela me donne un an de plus pour progresser», glisse Loïc Gasch, qui devra tout de même effacer une barre à 2m33 – son record en plein air se situe à 2m26 depuis l'été 2017 – pour décrocher son ticket pour le grand rendez-vous nippon.
«Je ne suis pas encore parfaitement au point techniquement. Cet hiver, soit j'avais les jambes mais pas la technique, soit c'était l'inverse», analyse-t-il. Il s'agira toutefois de reculer (mais pas trop) pour mieux sauter: la période de qualification olympique est en effet suspendue jusqu'au 30 novembre.
«J'ai de la chance»
A son propre étonnement, Loïc Gasch parvient à se concentrer sur l'athlétisme malgré les contraintes actuelles et alors même qu'il se dit «incapable de ne m'adonner qu'au sport» et qu'il a «besoin d'être sans cesse occupé et stimulé» en temps normal. «Je m'entraîne peut-être même plus que d'habitude», glisse-t-il.
C'est que les circonstances le permettent. Loïc Gasch commencera à travailler à 80% comme comptable pour la commune d'Orbe le 1er mai. Il a su s'organiser dès qu'il a senti que les infrastructures allaient fermer. «J'ai de la chance. J'ai pu aller chercher une installation de musculation à mon club d'athlétisme», souligne-t-il.
L'octuple champion de Suisse (quatre fois en plein air et quatre fois en salle) peut également sauter dans le jardin de son immeuble, mais en ciseaux. «Et je me contente de passer des barres à 1m95. Plus haut, c'est compliqué», explique-t-il. Impossible en effet de placer un matelas pour la phase d'atterrissage.
«On y a pensé. Mais ce serait dangereux. Le terrain n'est pas suffisamment stable devant mon immeuble», souligne Loïc Gasch, qui a tenté d'obtenir une autorisation comme celle dont bénéficie le sprinter Sylvain Chuard pour s'entraîner sur la piste de La Sarraz. «Mais on nous l'a refusée. Et je comprends parfaitement cela.»
Le Vaudois ne devrait en outre pas être trop touché par cette crise sur un plan financier. «Ma chance, c'est d'avoir perdu tous mes sponsors l'an dernier. C'est pour ça que j'ai repris le travail», raconte-t-il. «Et la commune d'Orbe se montre plus sensible à ma carrière de sportif que mon précédent employeur», souffle-t-il.
«Plus autonome»
Loïc Gasch, qui participe à la lutte contre la pandémie en effectuant deux services de dix jours au sein de la Protection civile («je fais des transports et des transferts en tant que chauffeur»), voit du positif dans cette crise. «Je consomme désormais plus local. Je sais que ce sont de belles paroles, mais j'espère pouvoir continuer ainsi après», lâche-t-il.
Et sur un plan sportif ? «Je suis contraint d'être plus autonome. Je dois m'adapter à mon ressenti, apprendre à mieux écouter mon corps», répond le Vaudois, qui est motivé comme jamais. «Je travaille la force et l'explosivité pour que mon corps soit prêt dès que l'on pourra reprendre le travail technique», précise-t-il.
Mais une reprise de la compétition n'est évidemment pas pour tout de suite. «Tant qu'ils ne sont pas reportés, je veux croire que les Européens pourront avoir lieu à Paris en août (réd: du 25 au 30). Mais je n'arrive pas à imaginer que 20'000 personnes puissent prendre place dans un stade en août. Le sport sera la dernière activité à reprendre», conclut-il.