Un lanceur d'alerte condamne «Le système n'est pas là pour lutter contre le dopage »

AFP

18.10.2023

Fodil Dehiba, ancien entraîneur d'athlétisme, a expliqué mercredi aux députés qu'il était devenu «lanceur d'alerte» notamment auprès de l'antidopage français et international depuis plusieurs années et se montre très critique envers «le système».

Le dopage serait systémique selon Dehiba (archives)
Le dopage serait systémique selon Dehiba (archives)
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«Le système il n'est pas là pour lutter contre le dopage, il est là pour gagner des médailles sans se faire choper», a expliqué cet ancien athlète auditionné par la commission d'enquête parlementaire sur les dysfonctionnements dans les fédérations sportives, qualifiant le «système de consanguin et sclérosé».

Il est le mari et ex-entraîneur de l'ancienne spécialiste du demi-fond Hind Dehiba, suspendue pour dopage dans sa carrière et interdite de compétition de 2007 à 2009 pour avoir pris de l'EPO.

«J'ai commis une faute» et «j'ai voulu me racheter», a-t-il dit pour expliquer pourquoi il collabore régulièrement avec l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU).

Un «coming out»

«Aujourd'hui, c'est une forme de +coming out+ puisque c'est la première fois que j'annonce officiellement que je suis lanceur d'alerte dans le sport», a-t-il déclaré aux députés.

Dernier exemple en date: il dit avoir avoir signalé le cas du sprinteur Mouhamadou Fall, contrôlé positif à un stimulant le 28 juillet lors des Championnats de France d'athlétisme, jour de son sacre sur 100 m. Ce sprinteur, pilier du relais 4x100 m tricolore, est par ailleurs relaxé dans un autre dossier par la commission des sanctions de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).

«J'avais alerté sur cet athlète l'AFLD par un petit message WhatsApp, sur ses voyages fréquents à Abou Dhabi qui est une plateforme de dopage pour les bodybuilders, et sa prise de masse était assez importante», a-t-il dit. «Je pense que l'AFLD avait déjà des informations», a-t-il ajouté.

Indigné

Remontant le passé, il s'est indigné du fait que le triple sauteur Teddy Tamgho, suspendu pour dopage en 2014, ait pu entraîner l'équipe junior durant sa suspension.

«Trois ou quatre mois après sa suspension, la fédération l'a envoyé pour entraîner l'Equipe de France junior!», s'est-il indigné, et ensuite comme sportif «à un stage national à Saint-Malo». Teddy Tamgho a été sanctionné, rétroactivement, pour cela le 18 novembre 2022 par l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU). «On protège les athlètes qui sont apporteurs de médailles», a dit M. Dehiba.

De l'extérieur

Interrogé sur le fait de savoir s'il était «facile» d'obtenir des produits dopants en France, il a expliqué que cela venait «de l'extérieur par internet» et qu'il s'agissait en France «surtout de détournement de l'usage thérapeutique» de médicaments.

Fodil Dehiba a aussi expliqué avoir saisi le Défenseur des droits pour «obtenir le statut juridique de lanceur d'alerte». Il estime que malgré la réussite du concours pour devenir inspecteur jeunesse et sports, il n'a pas eu de poste du fait de «pressions», et considère faire l'objet de «représailles» depuis qu'il aide à lutter contre le dopage.