Euro de handball «L'investissement a plus que porté ses fruits»

sfy, ats

12.12.2024 - 13:12

Bien que les handballeuses suisses aient subi quatre défaites nettes lors du tour principal, le président de la Fédération suisse Pascal Jenny tire un bilan plus que positif de l'Euro. L'engouement à Bâle ne fut néanmoins pas à la hauteur des attentes.

L'ambiance était formidable à la Halle St-Jacques lors du match Suisse - Croatie.
L'ambiance était formidable à la Halle St-Jacques lors du match Suisse - Croatie.
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Keystone-SDA, sfy, ats

Le point culminant du point de vue sportif pour la Suisse a été la victoire 26-22 à la Halle St-Jacques lors du dernier match du tour préliminaire contre la Croatie, victoire qui a permis à la Suisse d'accéder pour la première fois au tour principal. Il s'agissait du premier succès en sept duels livrés face aux Croates.

«Nous avons enfin été récompensés en tant que communauté suisse de handball, l'équipe nationale a fourni la performance qu'il fallait», déclare Pascal Jenny dans un entretien avec l'agence Keystone-ATS. «Lors du tour principal, la tension s'est un peu relâchée, nous étions plus fatigués: cela ne suffit plus pour marquer des points contre de telles équipes. Mais il y a toujours eu des phases qui ont montré qu'il ne manquait plus grand-chose pour être à la hauteur de telles formations. Cela nous rend très confiants, car nous disposons désormais de joueuses qui auraient aussi un rôle à jouer dans des équipes de haut niveau.»

Déjà quelques succès

Cette bonne évolution est la récompense des ressources – personnelles, matérielles et financières – qui ont été investies dans le handball féminin au cours des dernières années. Désormais, il y a autant d'efforts fournis dans tous les domaines que chez les hommes, avec notamment une Académie qui a ouvert ses portes à Cham en 2020 aux joueuses âgées de 14 à 20 ans.

Avec le cadre de développement, une autre structure a été lancée récemment pour pouvoir encourager encore plus de jeunes athlètes de manière professionnelle. Grâce au fait que la FSH est l'une des cinq fédérations sportives nationales à recevoir pendant trois ans un soutien financier supplémentaire pour le sport de performance féminin de la part de la fondation «Promotion du sport suisse/Swiss Olympic». Pascal Jenny souligne qu'«il faut profiter de cet élan.»

Les succès déjà obtenus sont en tout cas probants: l'équipe de Suisse des moins de 16 ans a remporté le championnat d'Europe non officiel en juillet, et celle des M20 a réussi à se hisser pour la première fois dans le top 8 lors du Mondial 2024. Parmi les 18 joueuses de l'équipe présente à l'Euro élite, onze ont 21 ans ou moins, et la moitié d'entre elles oeuvrant à l'étranger.

«Jusqu'à présent, l'investissement a plus que porté ses fruits», convient Jenny. «Mon objectif principal en tant que président est de rendre le handball plus présent, c'est pourquoi c'était une étape nécessaire d'inclure les femmes et de trouver ainsi plus de jeunes». Il trouve également réjouissant que les deux entraîneurs nationaux (Andy Schmid chez les hommes, et Knut Ove Joa) échangent régulièrement et profitent ainsi mutuellement de leurs expériences.

Plus de spectateurs espérés à Bâle

Cependant, bien que cet Euro soit une réussite pour la Suisse, le nombre de spectateurs présents à la Halle St-Jacques a été nettement inférieur à ce qui était espéré. L'ambiance était certes formidable contre la Croatie, mais avec 3826 spectateurs, près de 2000 places sont restées vides. La France, championne du monde qui jouait dans le deuxième groupe du premier tour à Bâle, a attiré moins de 1500 spectateurs à deux reprises.

«Nous ne sommes pas satisfaits», dit Jenny. «Cela me montre trois choses: premièrement, l'engagement de la scène du handball n'était pas assez grand. Deuxièmement, nous n'avons pas encore réussi à motiver suffisamment la population pour assister à un match lors d'un championnat d'Europe féminin. Troisièmement, nous n'avons pas reçu tout le soutien de la fédération européenne en ce qui concerne certaines libertés pour des solutions innovantes», regrette-t-il.

Participation aux JO au plus tard en 2032

Mais le positif l'emporte clairement. «Nous avons d'excellentes perspectives», dit Jenny. «A part la France et la Norvège, je ne vois aucune nation qui ait autant de talents émergents que nous, ce que m'ont confirmé des responsables dans d'autres pays. Et il ne faut pas oublier que c'était le premier grand tournoi pour notre entraîneur et pour son staff. Cette équipe va aussi énormément apprendre de cet Euro.»

Où Jenny voit-il encore le plus grand déficit par rapport aux meilleures nations? «Dans les aspects athlétiques. La plupart ont besoin de cinq à dix kilos de plus, et 80% de ce poids doit être de la masse musculaire. Lors du tour principal, contrairement au tour préliminaire, nous avons eu des phases avec des erreurs techniques inhabituelles. Pour moi, cela est dû au manque de force et d'endurance, ce qui est toutefois normal à ce jeune âge.»

Jenny estime que l'équipe de Suisse féminine doit être présente aux Jeux olympiques au plus tard en 2032. «Avec mon expérience d'ancien joueur et de fonctionnaire qui comprend désormais tout le système, je dois dire que si nous ne nous qualifions pas pour les JO de 2032 avec la situation qui est actuellement la nôtre, c'est que nous aurons tous fait quelque chose de faux. Je pense que c'est plus que réaliste, à condition que 90% des talents continuent à travailler sérieusement. Il faut maintenant aller chercher cet engagement.»