Voile Un catamaran suisse pour dépolluer les mers

js, ats

9.2.2021 - 15:33

Le navigateur franco-suisse Yvan Bourgnon, qui est né à La Chaux-de-Fonds (NE) et qui habite désormais à St-Blaise (NE), a créé un catamaran géant pour collecter les déchets plastiques marins en grande quantité. Le Manta sera mis à l'eau en 2024.

Yvan Bourgnon avec la maquette du Manta.
Yvan Bourgnon avec la maquette du Manta.
Keystone

Le voilier, d'une longueur de 56,5 mètres et d'une hauteur de 62,5 mètres, est un bateau-usine polyvalent, propulsé en grande partie par des énergies renouvelables. Fruit de trois années de recherche et développement, il sera le premier à pouvoir collecter et valoriser en mer de grandes quantités de macro-déchets plastiques flottants.

Yvan Bourgnon, qui a gagné en 1997 la Transat Jacques Vabre avec son frère Laurent, a été frappé par l'augmentation des déchets plastiques depuis plusieurs années dans les mers et océans. «Je suis témoin de cela. Dans les années 80, quand j'avais fait le tour du monde à la voile avec mes parents, il n'y avait pas de pollution», a déclaré à Keystone-ATS l'aventurier, désormais âgé de 49 ans.

Le projet est porté par l'association TheSeaCleaners. L'objectif du Manta est de débarrasser les océans de 5000 à 10'000 tonnes de déchets plastiques par an. Le bateau interviendra principalement en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, sur des secteurs où la pollution plastique marine est particulièrement dense: zones côtières, rivières, embouchures des grands fleuves et estuaires.

34 personnes à bord

«On a prévu de commencer en 2024 par la Méditerranée, même si ce n'est pas l'endroit le plus pollué, pour finir de mettre au point le bateau. Ensuite, en 2025, on partira en Asie du Sud-Est dans 12 fleuves parmi les plus pollués au monde au Vietnam, Cambodge et Indonésie notamment», a expliqué Yvan Bourgnon.

La durée moyenne d'une mission de collecte est de trois semaines. Le catamaran sera en mission 300 jours par an. Le bateau pourra accueillir 34 personnes, dont 22 membres d'équipage. Douze passagers pourront être emmenés à bord. Le voilier hébergera du public pour sensibiliser à la problématique de la pollution plastique, mais aussi des scientifiques de missions internationales.

Le coût du projet avoisine les 33 à 35 millions de francs. «On a trouvé le financement du premier tiers. On devrait obtenir le deuxième tiers d'ici à 2022 et le dernier lors de la phase de construction», a noté Yvan Bourgnon. «On est confiant pour les levées de fonds car désormais les potentiels donateurs voient que le projet est réalisable», a-t-il ajouté.

10'000 donateurs

Yvan Bourgnon est aussi confiant car le projet est universel et rencontre une «adhésion forte et totale. On a déjà 10'000 donateurs». Le coût du fonctionnement annuel du bateau sera de 2,2 millions de francs, soit une somme tout à fait correcte, selon lui, si on la compare avec les frais liés à l'élimination des déchets sur terre. De plus, le bateau a un coût écologique bas, en comparaison de l'empreinte carbone des camions-poubelles notamment, a ajouté le skippeur.

«Certains détracteurs, des multinationales ou des décideurs, nous disent qu'il faudrait d'abord sensibiliser les populations des pays en question avant de collecter les déchets. On va le faire mais il ne faut pas oublier qu'il y a aura en 2050, dans le meilleur des cas, trois fois plus de plastique dans les océans. Il est totalement irresponsable de ne rien faire», s'indigne Yvan Bourgnon.

Ce dernier rappelle qu'un million d’oiseaux marins et plus de 100'000 mammifères marins meurent chaque année par ingestion ou étouffement de déchets plastiques.

Yvan Bourgnon est détenteur de plusieurs records du monde. D'octobre 2013 à juin 2015, il effectue le premier tour du monde sur un catamaran non habitable de 6,30 m, sans assistance, sans GPS, en faisant le point à l'aide d'un sextant et de cartes de navigation papier. Ce tour du monde «à l’ancienne» en 20 étapes dure 20 mois avec à l’arrivée 55'000 km au compteur.

Le 22 septembre 2017, Yvan Bourgnon devenait le premier navigateur en solitaire à rallier à la voile l’Alaska au Groenland à bord de son catamaran de sport non habitable, toujours sans assistance.

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