Lanterne rouge du 10e Vendée Globe, freinée par de nombreuses avaries, le skipper belge Denis Van Weynbergh est lancé dans une course contre-la-montre pour terminer dans les temps le tour du monde en solitaire, dont la ligne d'arrivée ferme le 7 mars.
Au 110e jour de course, quarante-cinq jours après le triomphe de Charlie Dalin, ils ne sont plus que trois en mer à tenter de rejoindre les Sables-d'Olonne sain et sauf pour retrouver leurs proches sur la terre ferme.
Manuel Cousin (Coupe de Pouce) est attendu samedi en 31e position, suivi quelques jours plus tard de Fabrice Amédéo (Nexans - Wewise). Mais le sort s'acharne sur Van Weynbergh (D'Ieteren Group), empêtré vendredi dans la pétole au large de l'Espagne.
«C'est la mer qui décidera si je termine classé ou hors délai (...) je pense que j'ai donné», lâchait mardi l'ancien moniteur de voile, au bord des larmes, ses traits tirés et ses cheveux hirsutes blanchis par les embruns. Le skipper montrait dans cette nouvelle vidéo transmise aux organisateurs les réparations d'une énième avarie, cette fois à sa grand-voile, qui a fortement ralenti sa trace pendant près d'une semaine.
«Ne pas avoir de regret»
«Je voulais le tenter pour ne pas avoir de regret, ce vieux goût d'amertume en bouche qui me serait resté jusqu'à la fin de ma vie», ajoutait le marin de 57 ans la voix chancelante, après être monté au mât. Depuis, il a également fait état d'un problème important de vérin de quille. Selon les dernières estimations, Van Weynbergh devait désormais arriver aux Sables-d'Olonne entre le 9 et 10 mars... hors délai.
Comme le prévoit l'avis de course du Vendée Globe, la ligne d'arrivée sera clôturée le 7 mars, 116 jours, 18h, 15 min et 46s après le départ, soit le temps du dernier concurrent ayant terminé le Vendée Globe 2020-2021 (le Finlandais Ari Huusela). Au-delà, le skipper ne sera plus classé. Contactée vendredi par l'AFP, la direction de course a confirmé que la date de clôture de ligne n'allait pas évoluer.
Elle continuait toutefois à réfléchir à la façon d'organiser au mieux cette arrivée dans le cas où elle serait hors délai et à d'éventuelles célébrations pour accompagner le retour du Belge sur les pontons.
Un rêve
En 2020/2021, le temps limite de la course était de 163 jours, soit le temps de parcours de Jean-François Coste, dernier concurrent de la première édition du Vendée Globe en 1989/1990 (remportée par Titouan Lamazou en 109 jours).
Lanterne rouge depuis le 17 décembre et l'abandon du Hongrois Szabolcs Weöres au Cap de Bonne Espérance, Denis Van Weynbergh a connu de nombreuses mésaventures sur son parcours autour du monde, mais il s'est accroché jusqu'au bout, «mille après mille».
«L'Imoca est la classe ultime et le Vendée Globe le graal pour tous les marins», avait expliqué ce skipper aux mille vies (ancien journaliste, patron de PME, logisticien, moniteur de voile) aux organisateurs avant le départ. Entouré d'une équipe uniquement composée de bénévoles, il avait réussi à se qualifier in extremis pour l'Everest des mers en terminant notamment 24e de l'exigeante The Transat 2024 entre l'Europe et l'Amérique du nord.
«Message à mes enfants : faites-moi des petits enfants, comme ça j'aurai une histoire à leur raconter. Mon grand père me racontait la guerre, moi je pourrais leur raconter le Vendée Globe», lançait récemment Van Weynbergh, qui rêve de devenir le premier Belge à terminer la course autour du monde.