«Si ça devient obligatoire...» Et si le cyclisme imitait le ski alpin pour éviter les tragédies ?

par Dominik Moser, Heiden

20.6.2025 - 09:50

Les chutes graves et les accidents tragiques dans le cyclisme professionnel montrent qu'il est urgent d'améliorer la sécurité au sein du peloton. L'obligation de s'équiper d'airbags est l'une des solutions envisagées.

Le cyclisme envisage de s’équiper d’airbags pour éviter de nouveaux accidents mortels, à l’image de celui de Gino Mäder.
Le cyclisme envisage de s’équiper d’airbags pour éviter de nouveaux accidents mortels, à l’image de celui de Gino Mäder.
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Keystone-SDA, par Dominik Moser, Heiden

S'ils sont la plupart du temps enthousiastes, les spectateurs présents sur les routes du Tour de Suisse peuvent également s'inquiéter lorsqu'ils voient des coureurs dépasser les 100 km/h dans certaines descentes avec leur casque comme seule protection.

Les accidents mortels de Gino Mäder il y a deux ans sur le Tour de Suisse ou de Muriel Furrer lors des Mondiaux de Zurich l'automne dernier ont montré les conséquences désastreuses que peuvent avoir certaines chutes.

La saison dernière, l'Union cycliste internationale (UCI) a enregistré un total de 497 accidents sur les courses du WorldTour, du Women's World Tour et des ProSeries. Plus d'un tiers de ces incidents était dû à des erreurs de conduite «non provoquées».

L'UCI a réagi en introduisant certaines mesures cette saison, comme la distribution de cartons jaunes pour sanctionner les manœuvres dangereuses. En début d'année, la fédération internationale a également mis à l'étude l'introduction d'airbags.

Obligatoire en ski alpin

Cette technologie est déjà présente en hippisme ou en moto. Dès l'hiver prochain, les airbags seront également obligatoires en Coupe du monde de ski alpin, en tout cas pour les disciplines de vitesse, et ce malgré les réticences de certains athlètes qui ont critiqué les restrictions de mouvements liées à l'airbag ainsi que son poids.

Le scepticisme a également accompagné l'introduction du système Halo en Formule 1 en 2018, un arceau en titane placé au-dessus du cockpit pour protéger la tête des pilotes. La baisse de la visibilité avait été critiquée, tout comme l'esthétique. Mais aujourd'hui, on ne peut plus se passer de cette mesure de protection qui a déjà permis d'éviter le pire à plusieurs reprises.

Pour prouver la fiabilité de l'airbag, la Fédération internationale de ski (FIS) a déclaré avoir effectué 7000 tests. L'UCI n'en est pas encore là. Des airbags dédiés au vélo existent déjà, mais ils ne sont pas spécifiquement développés pour la course, ou encore en phase de test.

Pas encore de dialogue

L'agence de presse Keystone-ATS s'est renseignée en marge du Tour de Suisse pour savoir ce que les protagonistes suisses pensaient de l'airbag. Raphael Meyer, le CEO de l'équipe suisse Tudor, explique qu'il n'y a pas encore eu de contact avec l'UCI à ce sujet.

Pour Olivier Senn, le directeur du Tour de Suisse, le sujet «vaut définitivement la peine d'être discuté» et lui-même pose plusieurs questions: «Qu'est-il possible de faire? Y a-t-il une volonté de la part des équipes, des coureurs et des fabricants de se lancer dans cette technologie?»

Du côté des coureurs, les signaux sont plutôt positifs, mais aucun n'a pour le moment pu effectuer de tests. «Si cela permet d'améliorer notre sécurité, alors je ne suis pas contre», déclare Mauro Schmid. Le champion de Suisse sur route voit tout de même certaines contraintes. «En été, par forte chaleur, cela compliquerait encore un peu plus l'effort», estime-t-il.

Comme les freins à disque

Stefan Küng se montre lui aussi ouvert: «Nous devrions examiner toutes les options. Si cela devient obligatoire, tout le monde devra le faire et sera sur un pied d'égalité». L'essentiel est que les systèmes soient adaptés aux exigences spécifiques du cyclisme.

Silvan Dillier fait quant à lui une comparaison avec l'introduction des freins à disque: «Au début, de nombreux professionnels étaient contre. Aujourd'hui, ils sont devenus la norme». Les innovations ont toujours besoin d'un peu de temps entre l'idée initiale et la mise en place, rappelle-t-il.

Pour Olivier Senn, une chose est sûre: «Un airbag qui fonctionne serait un grand avantage. Actuellement, les coureurs roulent presque sans protection». Et Stefan Küng d'ajouter: «S'il permettait d'éviter ne serait-ce qu'une fracture, l'investissement en vaudrait la peine».


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