Tour de France Les Ineos changent de tactique, pas d'objectif

ATS

24.6.2021 - 17:44

Keystone-SDA

A deux jours du Tour de France, l'équipe Ineos a présenté sa sélection jeudi à Brest. Une équipe riche de quatre têtes d'affiche qui doivent lui permettre de reconquérir le maillot jaune, après l'abandon sans gloire de son leader, le tenant du titre Egan Bernal, en 2020.

L'équipe Ineos à l'entraînement le 24 juin, soit deux jours avant le coup d'envoi du Tour de France.
L'équipe Ineos à l'entraînement le 24 juin, soit deux jours avant le coup d'envoi du Tour de France.
KEYSTONE

Après avoir gagné sept des neuf dernières éditions du Tour avec quatre coureurs différents, la sélection d'un chef de file promettait d'être délicate. La question de la présence d'Egan Bernal, vainqueur de l'édition 2019 mais contraint à l'abandon en 2020 alors qu'il occupait une modeste 16e place, a été réglée: le Colombien s'est aligné en mai sur le Tour d'Italie, qu'il a remporté. Difficile donc de combiner avec le Tour un mois plus tard (26 juin-18 juillet).

En partant chez Israel Start-up Nation, le quadruple vainqueur du Tour (2013, 2015, 2016, 2017) Chris Froome a aussi ôté une épine du pied de ses anciens dirigeants, même s'il a de toute façon avoué mercredi ne plus concourir pour la victoire finale après une grave chute survenue en 2019.

Quatre costauds

Les courses à étapes de juin ont dû donner plus de cas de conscience aux dirigeants d'Ineos, soucieux de rétablir l'emprise de l'équipe sur le palmarès du Tour, auquel le Slovène Tadej Pogacar (UAE) a ajouté son nom en 2020. Au Critérium du Dauphiné, le vainqueur du Tour 2018 Geraint Thomas s'est classé troisième, confirmant sa bonne forme. Mais son équipier australien Richie Porte, troisième du Tour 2020, s'est montré encore plus à son avantage en décrochant la victoire finale.

Quelques jours plus tard, c'était au tour de Richard Carapaz, vainqueur du Giro en 2019, de gagner le Tour de Suisse. Quant au quatrième larron, le Britannique Tao Geoghegan Hart, il peut aussi se targuer d'avoir déjà remporté un Grand tour, puisqu'il a succédé à Carapaz au palmarès du Tour d'Italie.

Ouverts et agressifs

Le patron de l'équipe Dave Brailsford a rajouté une couche de brouillard au moment de dévoiler sa sélection de huit coureurs pour le Tour. «Attendez-vous à de l'inattendu», a affirmé le Britannique dans un communiqué. «Nous avons l'équipe pour prendre l'initiative et saisir chaque opportunité. Nous avons changé notre philosophie de course cette saison pour être plus ouverts et agressifs.»

A défaut de désigner publiquement un leader unique, Ineos pourrait compter sur le parcours pour effectuer un premier tri parmi les postulants au maillot jaune sur les Champs-Elysées.

Si le carré d'as franchit sans encombre les deux premières étapes truffées de casse-pattes, un contre-la-montre de 27,2 kilomètres est prévu dès le cinquième jour de course. Un exercice dans lequel Thomas dispose a priori de meilleures aptitudes que ses équipiers. Trois jours plus tard, la première étape de montagne entre Oyonnax et Le Grand-Bornand devrait aussi éclaircir le jeu, sur un terrain cette fois plus propice à Carapaz. «Après la première semaine, quelque chose sera arrivé» à un des quatre leaders de l'équipe, a prédit Thomas jeudi en conférence de presse. Dans ce contexte, «avoir quatre hommes forts est formidable».

Opposition forte

A force d'éviter de mettre un leader en avant, Ineos parviendrait presque à se faire oublier. «J'espère que le Tour sera un beau spectacle, une grande bataille, pas seulement entre deux Slovènes (réd: Pogacar et son dauphin de l'année dernière Primoz Roglic) même s'ils sont bien sûr les grands favoris», a ainsi déclaré mercredi le champion du monde Julian Alaphilippe (Deceuninck).

Du côté de chez Jumbo, l'équipe de Roglic, l'entraîneur Grischa Niermann a en revanche bien noté une opposition «plus forte qu'en 2020, avec Pogacar, Ineos...» Lors de la précédente édition, contrôlée par l'équipe néerlandaise jusqu'à ce que Pogacar arrache à Roglic le maillot jaune à la veille de l'arrivée, «on était très dominateur mais finalement on n'a pas gagné», rappelle Niermann. Un avertissement pour les quatre as d'Ineos? «On a une équipe forte, le plus important sera de communiquer entre nous pour nous dire comment on se sent», a estimé Thomas.