Dominic Lobalu représentera la Suisse pour la première fois aux Championnats d'Europe de Rome. Son entraîneur Markus Hagmann envisage des chances de médailles sur 5000 et 10'000 m.
Dominic Lobalu appartient aux meilleurs coureurs du monde. Ses performances de la semaine dernière à Oslo et Stockholm ont permis de montrer à tous que Swiss Athletics avait un atout lors de ces Européens. Le record de Suisse sur 5000 m (12'50''90) jeudi dernier ainsi que le record national sur 3000 m (7'33''68) dimanche, témoignent du potentiel du coureur né au Soudan du Sud.
L'entraîneur Markus Hagmann ne craint pas la pression romaine sur son poulain de 25 ans. Lobalu, qui s'est enfui à Genève en 2019 en tant que membre de l'Athlete Refugee Team, a reçu l'autorisation de participer aux compétitions internationales sous bannière suisse après des années de lutte. «Les personnes extérieures parlent toujours de pression lorsqu'on a le potentiel de remporter des médailles, dit son coach. Pour nous, il s'agit plutôt d'exploiter ce potentiel maintenant. C'est pour cela que nous nous entraînons. Nous allons à Rome pour une médaille.» Hagmann ne cesse de répéter à Lobalu qu'il doit conserver son insouciance naturelle, ne pas se soucier des temps, de la météo ou de la concurrence, mais de simplement profiter.
Pour son coach, l'une des grandes forces de Lobalu se situe dans la crainte qu'il inspire aux autres: «Dominic peut faire appel à son talent quand il en a besoin. Il livre presque toujours la marchandise. Ses adversaires ont plus peur de lui que lui d'eux.»
Une forte concurrence
Hagmann fait toutefois remarquer que le peloton romain sera très relevé. Trois autres coureurs avec des temps en dessous des 13 minutes seront au départ du 5000 m samedi soir, avec à leur tête le champion du monde norvégien Jakob Ingebrigtsen. Même si Lobalu livre une course rapide, une médaille n'est pas garantie.
Et dans une course tactique, cela risque d'être encore plus difficile. Car Lobalu n'atteint pas la vitesse de pointe de ces athlètes qui brillent sur 1500 m. «Ces dernières années, nous avons abaissé le temps de référence du 1500 m de cinq secondes, soit 3'35, mais d'autres vont plus vite, déclare l'entraîneur du LC Brühl St-Gall. Mais dans un sprint final, même si c'est sur deux tours, Lobalu tient le choc. Dernièrement, après 15 fois 300 m, il a couru un 800 m en 1'55. Et il peut aussi réaliser un dernier tour en 53''.
Hagmann part du principe que le 5000 m de Rome se courra sans que personne ne prenne véritablement l'initiative: «Personne ne veut se sacrifier. Et si un coureur perd ses nerfs, alors ce sera parti.» Mais difficile d'imaginer les différentes variantes tactiques maintenant.
Le 10'000 pour terminer
Sur le 10'000 m en clôture des Européens, une allure élevée pourrait jouer en faveur de coureurs résistants au tempo comme Lobalu, car quelques adversaires rapides au finish pourraient déjà avoir sauté avant le dernier des 25 tours. Mais même ce scénario ne garantit pas une promenade de santé pour Lobalu. Selon les tabelles, six athlètes ont un meilleur temps sur 10'000 m que l'athlète de Swiss Athletics.
Hagmann n'aime pas spéculer: «Il est difficile de faire des pronostics. Qui va souffrir de la chaleur? Qui a bien digéré le 5000? Tout cela, nous ne le saurons qu'en course.»