Le 11 mars, l'annonce du test positif au coronavirus de Rudy Gobert entraînait la suspension de la saison NBA. Comme un symbole, 141 jours après, c'est le pivot français qui va la redémarrer jeudi avec Utah contre New Orleans, à Disney World.
Au moment de l'entre-deux, Rudy Gobert ne pensera sûrement qu'au match et à bien entamer cette reprise du championnat dans le huis clos floridien, où les play-off sont déjà promis au Jazz. Mais il ne pourra jamais oublier les quatre mois et demi de tourmente passés dans l'attente pour enfin pouvoir tourner la page.
Trouble-fête, c'est aussi ce que certains lui ont reproché d'être quand Adam Silver, le patron de la Ligue, a décidé d'interrompre la saison en apprenant que Gobert venait de contracter le Covid-19. Un coup de tonnerre auquel restera associé le Français, héritant du statut peu envié de patient 0 voire de bouc-émissaire.
Cela aurait dû suffire pour qu'il vive mal cet épisode, d'autant que le joueur n'a pas été asymptomatique. Courbatures, fièvre, perte du goût, de l'odorat, il avait de quoi être inquiet pour sa santé. Mais il y a eu en plus cette vidéo, elle aussi virale, où on le voit, blagueur, toucher de ses mains micros, téléphones, enregistreurs posés sur une table d'une salle de presse où il venait justement d'être interrogé sur le Covid-19.
Du strass au stress
La séquence a généré les commentaires les plus acides à son endroit sur les réseaux sociaux, mais aussi dans le vestiaire du Jazz où Donovan Mitchell, l'autre star de l'équipe, également infecté, lui a reproché son imprudence. Tant et si bien que certains médias les disaient irréconciliables.
Comment Gobert, passé en un mois des honneurs et du strass d'un premier All-Star Game au déshonneur et au stress du Covid-19, a-t-il vécu cette période? «Il est évident que lorsque le monde entier vous juge, vous menace ou vous envoie beaucoup d'énergie négative et d'autres choses de ce genre, ce n'est pas facile», a récemment reconnu le pivot de 28 ans.
«Mais, en même temps, les gens vous jugent simplement sur la perception qu'ils ont et cette perception dépend parfois d'une image, d'une vidéo ou d'une interview, d'une action. Ils ne vous connaissent pas. Or les gens autour de moi me connaissent vraiment, ils savent qui je suis et c'est ce qui compte», relativisait-il.
Après avoir fait son mea culpa pour la légèreté dont il a fait preuve avec le virus, Gobert a aussi dû recoller les morceaux avec Donovan Mitchell. Cela a pris du temps, mais le réchauffement de leurs relations a sauté aux yeux des médias samedi, juste après la victoire contre Miami (101-99) en match amical, au cours duquel le meneur lui a offert trois alley-oops.
«Un beau comeback»
Il y a d'abord eu ces mots, «Pas une, pas deux, trois fois !!» prononcés avec conviction par Mitchell, plaidant pour que Gobert soit désigné meilleur défenseur de la saison pour la troisième année consécutive. Puis ce commentaire amusé envoyé au Français pendant une interview sur Zoom: «Tu n'as pas besoin d'avoir l'air si sérieux!».
Aussitôt interrogé, l'intérieur a ainsi résumé les choses: «Les gens n'avaient pas grand-chose à raconter pendant quatre mois, c'était donc le sujet du moment. Je pense qu'il est maintenant temps de le laisser derrière». Comme un symbole, peut-être voulu par la NBA, c'est même lui qui rouvrira donc la saison.