Jérémy Desplanches estimait avoir déjà réussi sa carrière en devenant champion d'Europe l'an dernier. Désormais vice-champion du monde, il en veut bien plus.
«Ca me donne encore plus faim», a d'ailleurs écrit le Genevois dans la nuit de jeudi à vendredi sur sa page Facebook, alors qu'il n'arrivait pas à trouver le sommeil après s'être paré d'argent sur 200 m 4 nages aux Mondiaux de Gwangju.
«J'étais derrière tout le monde à l'entraînement, derrière les filles, et bien derrière»: le Genevois ne valait «que» 2'03''90 sur 200 m 4 nages lorsqu'il avait posé ses valises à Nice en 2014. Son coup d'essai s'est déjà transformé en coup de maître en Corée du Sud, où il a offert à la natation masculine helvétique sa deuxième médaille mondiale après celle de Dano Halsall en 1986 (50 m libre).
L'ascension du Genevois, parti sous d'autres cieux pour ne pas être simplement le meilleur Suisse, est remarquable. Il était déjà un adulte à son arrivée dans le groupe coaché par Fabrice Pellerin, qui l'avait pris à l'essai pour une semaine. Mais il avait besoin de sortir de sa zone de confort pour se transformer en un véritable athlète de haut niveau et tester ses véritables limites.
De plus en plus complet
La marge de progression est évidemment grande dans le 4 nages. Sa nage la plus faible était au départ le dos, il est désormais le deuxième meilleur performeur suisse de tous les temps sur 200 m dos. Il détient en outre les records de Suisse du 100 et du 200 m papillon, et fait partie du relais 4x200 m libre qualifié pour Tokyo 2020. Alors que sa discipline «naturelle» est la brasse...
Il n'est donc pas vraiment surprenant que Jérémy Desplanches soit passé du statut de demi-finaliste mondial en 2015 – où il avait terminé 12e pour son premier rendez-vous intercontinental – à celui de vice-champion du monde. En ayant gagné plus de 7 secondes pour devenir le 12e homme le plus rapide de l'histoire avec ce chrono de 1'56''56 réalisé en finale à Gwangju.
Il en redemande
Car Jérémy Desplanches est désormais un bourreau de travail. Il a dû le devenir à Nice, où l'on s'astreint à deux séances quotidiennes de deux heures en piscine – pour quelque 10 km par jour – avec un premier plongeon à 7h tapantes. Six jours sur sept, avec trois semaines de vacances annuelles seulement.
Et le Genevois, qui aura 25 ans le 7 août, ne semble pas prêt de se lasser malgré cette cadence infernale. «Je kiffe ce que je fais. C'est certainement aussi le cas car je n'ai pas commencé trop jeune à m'entraîner autant», avait-il souligné en mai au cours d'un entretien accordé à Keystone-ATS.
«Il a une forme de naïveté, de spontanéité qu'on a lorsqu'on est jeune. C'est un vrai point fort d'être toujours jeune dans son approche, pour éviter l'usure», avait d'ailleurs expliqué son coach Fabrice Pellerin, qui avait également loué «la persévérance, le professionnalisme, la détermination et l'assiduité» de son protégé.
De la marge
Jérémy Desplanches n'a jamais caché que les JO 2020 constituaient son but ultime. Il a une année devant lui pour parfaire sa préparation. En toute quiétude, avec de nombreuses certitudes et une pression moindre après avoir conquis un titre européen puis une médaille d'argent mondiale tout autant inattendus l'un que l'autre.
Et, surtout, le grand blond est loin d'avoir exploité tout son potentiel. «Sur le plan physique, il peut encore évoluer. Son corps absorbe sainement le travail musculaire. C'est très positif, car cela n'a pas d'impact négatif sur sa technique», avait ainsi expliqué Fabrice Pellerin à Keystone-ATS en mai. «Et on a de la marge sur le volume d'entraînement», avait-il précisé.
«Cette médaille d'argent ne va rien changer. Je vais continuer à m'entraîner comme si j'avais terminé dernier», a d'ailleurs lâché jeudi soir un Jérémy Desplanches désormais prêt à se débarrasser de cette étiquette d'outsider qu'il appréciait tout particulièrement pour se muer en candidat déclaré au podium olympique à Tokyo.