Tour des Flandres Un monument taillé à la slovène : «Pogi» trace sa légende !

ATS

6.4.2025 - 16:31

«Il joue dans une autre ligue»: Tadej Pogacar a continué d'écrire la légende du cyclisme en remportant dimanche le Tour des Flandres, sa huitième victoire dans un Monument, à seulement 26 ans.

Keystone-SDA

On attendait un grand combat avec Mathieu van der Poel, le vainqueur sortant et lauréat de Milan-Sanremo il y a deux semaines. Il a eu lieu, mais le Slovène a plié le match par KO dans les monts des Flandres après une course intense et tactique, devant plus d'un million de spectateurs.

Offensif comme toujours, Pogacar a multiplié les accélérations dans les cinquante derniers kilomètres pour s'imposer en solitaire avec 1'01 d'avance sur un groupe de cinq poursuivants réglé au sprint par le Danois Mads Pedersen devant van der Poel et deux Belges, un Wout Van Aert retrouvé, et Jasper Stuyven.

«Le but était de gagner mais là, j'ai du mal à réaliser. Gagner cette course avec ce maillot (de champion du monde), c'est juste fabuleux», a réagi le leader de la formation UAE, visage cramoisi après une débauche d'énergie totale sous un soleil éclatant.

Déjà vainqueur du Ronde en 2023, Tadej Pogacar a fait la différence exactement là où il l'avait prévu, dans la troisième et dernière ascension du Vieux Quaremont, le Mont pavé le plus stratégique de cette 109e édition, la plus rapide de l'histoire (44,99 km/h).

Tous terrains, comme Merckx

Mètre après mètre, Pogacar y a décroché van der Poel, peut-être légèrement diminué par une chute à mi-course et qui a même peiné à suivre un Wout Van Aert en grande forme. «C'était le plan et on l'a exécuté à la perfection, malgré toute la malchance qu'on a connue pendant la course», a commenté «Pogi» qui a été rapidement privé de tous ses coéquipiers (Narvaez, Wellens, Politt...) après une succession de chutes.

«Tactiquement c'était très compliqué car on perd rapidement plusieurs coureurs. Mais Tadej a encore réalisé une performance exceptionnelle, un grand show pour le cyclisme», a applaudi son manager, le Tessinois Mauro Gianetti.

Basculant au sommet de la dernière difficulté, le terrible Paterberg, avec 25'' d'avance, Pogacar avait encore treize kilomètres à parcourir, dont neuf avec vent de face, un défi redoutable pour un coureur seul. «Franchement j'espérais qu'on recollerait sur lui. On était quatre et lui était seul face au vent. Mais il joue dans une autre ligue que nous», a commenté Pedersen qui doit se contenter de ce nouveau podium sur un Monument.

Pogacar, lui, compte désormais huit Monuments – en seulement 17 participations! – à son palmarès, un de plus que van der Poel. Il devient le deuxième coureur après Eddy Merckx à avoir gagné deux fois tant le Tour de France que le Tour des Flandres, deux courses souvent considérées comme incompatibles tellement elles requièrent des qualités différentes.

Et maintenant Paris-Roubaix!

Mais Pogacar est, comme l'était Merckx, un champion tous terrains, qui gagne partout et presque tout le temps: déjà 93 victoires au total. Son prochain défi, dès dimanche prochain, est à sa démesure: Paris-Roubaix et ses six millions de pavés beaucoup plus rudes encore que ceux du Ronde et dont le parcours très plat ne favorise pas du tout son gabarit.

Il y retrouvera Mathieu Van der Poel, double vainqueur sortant. Mais il aura d'autres concurrents redoutables à Roubaix comme van Aert, qu'il faudra surveiller de très près après sa prestation aboutie au Ronde. Et des rouleurs comme Stefan Küng et Filippo Ganna, qui ont essayé de prendre un coup d'avance dimanche, en vain.

Gagner serait un exploit incommensurable. Mais avec Pogacar, on ne peut être sûr de rien. «Ce sera une course complètement différente qui me convient certainement moins que le Tour des Flandres. Mais je relève le défi! Avec la forme que j'ai en ce moment, je me dois d'essayer», a-t-il lâché avec gourmandise.

Küng également prêt pour Paris-Roubaix

Stefan Küng a donc tout tenté pour aller enfin décrocher son premier succès dans l'un des Monuments. Présent aux avant-postes avant que les favoris ne passent à l'attaque, le rouleur de la FDJ n'a pas pu tenir leur rythme mais décroche une nouvelle place d'honneur. Il sera également à suivre de près sur les pavés de Paris-Roubaix. L'autre Stefan Thurgovien, Bissegger, a terminé 19e à 2'19.