Dès la première journée alpestre, le Slovène Tadej Pogacar, de loin supérieur, s'est emparé samedi du maillot jaune du Tour de France après la 8e étape gagnée dans la station du Grand-Bornand par le Belge Dylan Teuns.
Pogacar, vainqueur sortant du Tour, a reproduit la tactique de Lance Armstrong en son temps: mettre k.-o. ses adversaires dans le premier rendez-vous en montagne. Cette fois, les cols de Romme et de Colombière ont été mis à profit par le jeune Slovène (22 ans) pour s'envoler face à des rivaux qui ont vite compris.
L'Equatorien Richard Carapaz, le seul à résister au premier démarrage à 32 kilomètres de l'arrivée, a abdiqué sur la seconde attaque. Malgré sa résistance, le vainqueur du Giro 2019 - il a perdu plus d'une minute en trois kilomètres - a été balayé par l'ouragan Pogacar, intouchable en cette journée pluvieuse.
Les écarts au classement sont monumentaux après seulement huit jours de course: exception faite du Belge Wout van Aert, qui a couru en vain après son rêve de maillot jaune (2e désormais à 1'18''), les suivants pointent à plus de quatre minutes et demie dans une hiérarchie qui reste encore à fixer... derrière l'extra-terrestre Pogacar, qui n'en est qu'à sa troisième saison dans le peloton professionnel et a gagné cette année la "Doyenne" Liège-Bastogne-Liège.
Retour de bâton
Dans les deux premiers tests de cette édition 2021, le contre-la-montre de Laval puis la première journée alpestre, Pogacar a montré la même et accablante supériorité. D'autant que son compatriote Primoz Roglic, son dauphin de l'année passée, est diminué par sa chute de lundi dernier, tout comme le vainqueur 2018, le Gallois Geraint Thomas, dans le "gruppetto" à l'arrivée.
Tous deux ont été distancés dès la première heure de cette étape, trépidante en raison des nombreuses attaques. Pogacar s'est retrouvé un moment quelque peu isolé, mais a retrouvé ses équipiers avant le "one-man-show" final.
Son inexpérience aux commandes du Tour, puisqu'il n'a endossé le maillot jaune qu'à la veille de l'arrivée l'an passé, reste l'une des rares hypothèques sur ses chances dans ce Tour qu'il a assommé très lourdement. Au risque de relancer les soupçons qui accompagnent toute supériorité manifeste dans le cyclisme.
"Je voulais creuser des écarts. Hier (vendredi), on a vu que tout le monde courait contre nous. Je m'attendais à être attaqué et, pour moi, la meilleure défense est de passer à l'attaque", a expliqué Pogacar, qui a évoqué un "retour de bâton".
La deuxième de Teuns
La volée a fait très mal. Si David Gaudu, côté français, a accédé au top 10 du classement général, le champion du monde Julian Alaphilippe a perdu quelque 18 minutes. Pour le précédent porteur du maillot jaune, le Néerlandais Mathieu van der Poel, qui a lâché prise au pied de l'avant-dernier col, le débours est encore plus élevé, près de 22 minutes.
Quatrième de l'étape derrière l'Espagnol Ion Izagirre et le Canadien Michael Woods, à une quarantaine de secondes de Teuns, le nouveau maillot jaune s'est dit "très confiant" pour la suite: "Mais, je n'ai pas tué le Tour, désolé, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir", a-t-il insisté.
"Je pense qu'il peut défendre son maillot jusqu'à la fin", a estimé pour sa part Teuns, vainqueur pour la deuxième fois dans le Tour, deux ans après son succès de La Planche des Belles Filles.
Le Belge, qui est âgé de 29 ans, a apporté, après le Slovène Matej Mohoric, un deuxième succès en deux jours à l'équipe Bahrain, irrésistible depuis le mois passé.
Dimanche, la 9e étape, la plus difficile dans les Alpes, comporte 51 kilomètres de montée sur le parcour de 144,9 kilomètres entre Cluses (Haute-Savoie) et Tignes (Savoie) où le Tour revient après une arrivée manquée en 2019 à cause d'une coulée de boue rendant la route impraticable.