Cinq équipes au départ, des dizaines de coureurs dont quelques dynamiteurs certifiés : la France a largement de quoi animer le Tour de France qui commence samedi à Bilbao. Mais pour rêver de maillot jaune sur les Champs-Elysées, il faudra sans doute attendre encore.
C'est le maillot le plus convoité du cyclisme et, sauf improbable exploit, il atterrira une nouvelle sur les épaules d'un étranger le 23 juillet à Paris. Cela fait 38 ans désormais que la France attend un héritier à Bernard Hinault, dont le nom revient comme une ritournelle à chaque mois de juillet, comme celui de Yannick Noah avant Roland-Garros.
Deux coureurs ont approché le Graal ces dernières années. Romain Bardet, deuxième en 2016 et troisième en 2017, à une distance respectable toutefois du vainqueur de ces deux éditions, le Britannique Chris Froome (4'05'' et 2'20'').
Et Thibaut Pinot, déjà sur le podium en 2014 (3e), qui, dans la forme de sa vie, a failli délivrer la nation en 2019, avant d'abandonner à cause d'une mystérieuse blessure à la cuisse à deux jours de l'arrivée à Paris. Le même jour, Julian Alaphilippe a fini par céder le maillot jaune après l'avoir porté pendant 14 jours.
Cette année encore, ces trois coureurs seront parmi les principales têtes d'affiche du Tour qu'ils abordent avec des ambitions différentes. Si Bardet continue à viser le classement général, Alaphilippe chassera surtout des étapes, alors que Pinot dit se mettre d'abord au service de son leader David Gaudu, quatrième l'an dernier et qui vise le podium.
«De plus en plus difficile»
D'autres Français promettent d'ambiancer la course comme Christophe Laporte, le nouveau champion de France Valentin Madouas, Warren Barguil ou Guillaume Martin. Mais «pour la victoire finale, ça me semble un petit peu juste cette année encore», constate le directeur du Tour, Christian Prudhomme.
La France est pourtant la nation la mieux représentée avec quatre équipes dans le World Tour. Elle décroche régulièrement de grandes victoires, comme les deux titres de champion du monde d'Alaphilippe en 2020 et 2021.
Mais il lui manque le grand coureur de classement général. Sur les deux autres grands Tours aussi, il faut remonter au siècle dernier pour trouver trace d'un triomphe tricolore: Laurent Jalabert en 1995 sur la Vuelta et Laurent Fignon en 1989 sur le Giro.
L'internationalisation du peloton a rendu la mission ardue. «C'est de plus en plus difficile. Avant, seules quelques nations se battaient pour la victoire», constate Bernard Thévenet, double vainqueur du Tour de France en 1975 et 1977.
De fait les derniers vainqueurs sont Danois, Slovène, Colombien et Gallois, loin des nations historiques comme la France, l'Espagne, l'Italie et les pays du Benelux. Le niveau aussi est de plus en plus élevé avec l'émergence d'une génération exceptionnelle qui ne laisse que des miettes au reste du peloton.
Relève
«Tant que (Jonas) Vingegaard et (Tadej) Pogacar sont au sommet, ce sera difficile pour les Français», estime l'ancien champion du monde des espoirs Romain Sicard, annoncé comme le futur messie du cyclisme tricolore, avant d'arrêter sa carrière pour des problèmes cardiaques en 2021.
Alors que Thibaut Pinot doit raccrocher en fin de saison et que Bardet ne rajeunit pas, il faudra sans doute se tourner vers la relève pour espérer vivre un jour de gloire. Chez les jeunes, la France compte de nombreux talents dont deux sortent du lot, sous les couleurs de Groupama-FDJ.
Lenny Martinez, 19 ans, fils de Miguel, champion olympique de VTT en 2000, présente d'exceptionnelles qualités de grimpeur qui lui ont notamment permis de remporter le Mont Ventoux Challenge en juin. Et puis il y a Romain Grégoire, 20 ans, loué comme un «talent incroyable» avec un mental «de tueur», qui n'hésite pas à dire qu'il rêve de gagner le Tour de France un jour.
Ce qui est sûr ce que ça ne sera pas pour cette année puisque les deux pépites vont d'abord aller s'endurcir sur le Tour d'Espagne pour forger, peut-être, le successeur que la France attend tant.
AFP