Cyclisme L'or pour Richard Carapaz, les Helvètes déçoivent

ats

24.7.2021 - 10:50

Keystone-SDA, ats

La montagne a accouché d'un dragon! Au pied du Mont Fuji, les Jeux olympiques se sont offert samedi au Japon un podium impérial en cyclisme sur route, avec Richard Carapaz en or, Wout Van Aert en argent et Tadej Pogacar en bronze à l'issue d'une course qui n'a guère souri aux Suisses.

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Au bout d'une course de 234 km en montagne, aussi dure qu'une étape alpestre du Tour de France, l'Équatorien de 28 ans a terminé détaché avec plus d'une minute d'avance sur un groupe de huit hommes forts, que le Belge Wout van Aert a réglé au sprint, en devançant le Slovène Tadej Pogacar à la photo finish. «C'est la deuxième médaille d'or de l'histoire de mon pays aux Jeux olympiques, et la dernière remonte à 24 ans (NDLR : 25 ans à Atlanta-1996). C'est quelque chose de très spécial, a lâché Carapaz. C'était une course très dure. Je n'avais pas une équipe comme les autres, j'ai dû attendre mon moment.»

À ceux qui pensaient que l'enchaînement Tour de France-Jeux olympiques, avec six jours seulement de récupération, serait un désavantage, les héros du jour ont apporté une réponse claire: Carapaz était troisième sur le podium parisien, Pogacar était en jaune, et van Aert s'était illustré en remportant trois étapes, une de montagne au Ventoux, un contre-la-montre et le prestigieux sprint des Champs-Elysées.

L'homme des volcans

Carapaz est, depuis ce samedi, définitivement un homme des volcans. Dans son pays, il aime s'entraîner en très haute altitude sur les pentes du volcan Chiles (4723 m), aux 14 derniers kilomètres non goudronnés. Et c'est autour d'un autre volcan qu'il s'est imposé samedi, le Mont Fuji, emblème et point culminant du Japon (3776 m).

La course s'est décantée comme attendu dans le terrible col de Mikuni: 10 km à 10,6% de moyenne avec des passages à 20%. Dès les premiers forts pourcentages, Pogacar, déjà double vainqueur du Tour à 22 ans, a placé une attaque, faisant exploser définitivement le peloton. Il s'est d'abord détaché, accompagné du grand espoir américain de 23 ans Brandon McNulty, et du Canadien Michael Woods. Mais derrière lui, van Aert, le Polonais Michal Kwiatkowski ou encore l'Italien Alberto Bettiol ont mené la chasse et l'ont repris avant le sommet. Un groupe de douze hommes a basculé dans la descente.

C'est dans le final accidenté, qui débouchait sur le circuit automobile du Mont Fuji (jadis utilisé par la F1), que Carapaz a définitivement faussé compagnie à ses adversaires. D'abord accompagné de McNulty, puis seul, après avoir laissé l'Américain sur place dans une petite bosse. «Quand j'ai vu que nous étions deux dans le final avec 20 secondes d'avance, j'ai su qu'on allait se battre pour les médailles (...) mais j'ai eu des doutes jusqu'au bout parce que derrière moi il y avait des gars très forts», a-t-il avoué.

Fils d'agriculteur des hauts plateaux andins, Carapaz était déjà un héros dans son pays pour lui avoir offert en 2019 sa première très grande victoire internationale en remportant le Giro d'Italie. Le cyclisme «est un sport qui existe à peine en Équateur», avait dit à l'époque ce gabarit léger (1,70 m, 62 kg), que son physique et ses qualités de grimpeurs plaçaient logiquement parmi les favoris sur le parcours de Tokyo.

Les Suisses impuissants

Les Suisses n'ont pas pesé sur cette course. Marc Hirschi, le meilleur atout de l'équipe, a terminé au 25e rang à plus de 6 minutes du vainqueur. Le Bernois n'a pas pu prendre la roue des meilleurs dans le col du Mikuni. «Il faisait très chaud. Seuls les plus forts ont émergé aujourd'hui», glisse le Bernois qui doit payer sans doute encore les séquelles de sa chute lors de la première étape du Tour de France. «Dans une telle course, on ne peut pas se cacher, ajoute pour sa part Stefan Küng. Si tu n'as pas les jambes, tu n'as rien à espérer...»

La première épreuve cycliste de la quinzaine olympique a fait souffler un vent d'optimisme sur ces Jeux pris en otages par la pandémie: privé de cérémonie d'ouverture et des épreuves à Tokyo, le public japonais, autorisé à venir sous certaines conditions dans cette région du Japon, s'était donné rendez-vous sur le bord de la route samedi. Des milliers des personnes ont encouragé les coureurs entre le départ de Saitama et l'arrivée sur le circuit automobile du Mont Fuji, dont les tribunes étaient partiellement remplies.