Le champion olympique de VTT, Nino Schurter va affronter les meilleurs routiers sur les courses virtuelles du circuit «Digital Swiss 5». Le Grison relativise toute comparaison. "Pour moi, c'est plus un jeu qu'une course sérieuse", précise-t-il dans une interview avec Keystone-ATS.
Nino Schurter, comment ça va malgré les restrictions imposées par la pandémie du coronavirus ?
"Malgré l'environnement, pas mal. Nous sommes tous en bonne santé et c'est le plus important. Je suis assidu à l'entraînement mais naturellement c'est difficile parce que nous n'avons aucun objectif à l'horizon. Je me réjouirais si nous pouvions savoir dans un court laps de temps comment la saison va évoluer et quand auront lieu les prochaines compétitions."
La situation oblige les coureurs à se tourner vers des formats virtuels comme la série «The Digital Swiss 5» qui débute ce mercredi. Quel rôle joue normalement l'entraînement sur rouleaux pour vous ?
"Je les utilise pour l'entraînement en hiver. Quand le temps est vraiment mauvais avec de la neige ou de la pluie-neige, je fais alors des séances sur les rouleaux. Je monte dessus une demi-heure à la maison quand je rentre d'une sortie à skis de fond. Sinon, ils servent comme beaucoup d'autres en compétitions pour l'échauffement et l'après-course."
Avec quel sentiment vous alignez-vous au départ de la course virtuelle de vendredi de Fiesch à Disentis/Sedrun en passant par le col du Nufenen ?
"Je dois d'abord relativiser un peu. Pour moi, c'est plus un jeu qu'une course sérieuse. Je vais la considérer comme une fraction intensive dans une semaine d'entraînement normale. Je ne vois pas de réelles comparaisons à faire. A la maison sur les rouleaux, il y a différents facteurs qui ne sont pas les mêmes pour tous les coureurs. L'altitude au-dessus de la mer fait beaucoup, également la température. Mais naturellement, je suis curieux de l'exercice et je vais essayer de montrer mon meilleur côté."
Ces derniers jours vous avez disputé deux courses virtuelles. Qu'avez-vous appris ?
"Nous allons tous atteindre nos limites (rires). C'est extrêmement dur et totalement différent de ce que nous connaissons. Il n'est fait exclusivement appel qu'à notre propre moteur. De ce que j'ai appris, je peux en tirer un avantage. J'ai compris l'importance par exemple de le pratiquer dans un espace bien aéré et avec une bonne climatisation. L'air se raréfie rapidement et un bon ventilateur est presque un must sinon on surchauffe très vite. La position rigide du vélo est également une différence."
Les courses virtuelles auxquelles vous avez participé et celles à venir durent environ une heure. Est-ce un avantage pour un vététiste en comparaison des coureurs sur route, dont les épreuves sont plus longues ?
"Je ne le crois pas. Les courses sur les rouleaux sont quelque chose de bien différents de celles de VTT. Dans ce format, il est exigé une performance maximale sur une heure. Nous, les coureurs sommes habitués à avoir des pics à escalader, de courtes mais intensives montées avec une grande charge et aussi toujours des courtes phases de récupération. Nous ne sommes pas habitués à la constance. Je dirais que cela ressemble à un contre-la-montre."
Est-ce qu'il y a dans le cercle des vététistes des coureurs qui ont un intérêt particulier ou une aversion pour l'entraînement sur les rouleaux ?
"Naturellement, il y en a sur la route comme en VTT. On voit de grandes différences à ce niveau-là. Je connais quelques coureurs qui n'ont même pas leurs propres rouleaux et d'autres qui n'hésitent pas à faire leur séance d'intervalles dessus."