S'il n'a pas dit son dernier mot, car il lui reste les JO de Pékin à disputer en février avant de tirer sa révérence, Dario Cologna a déjà marqué l'histoire des sports d'hiver en Suisse. Avec une méthode au service d'un grand talent.
Le ski nordique helvétique risque d'attendre encore longtemps avant de renouer avec la période dorée incarnée par Simon Ammann – également au crépuscule de sa carrière – et Dario Cologna. Le sauteur comme le fondeur comptent chacun quatre titres olympiques et ont marqué une génération, suscité des vocations.
Discipline relancée
L'ascension de Cologna a relancé une discipline qui était passée dans l'ombre en Suisse. Elle a coïncidé avec l'élan donné au ski de fond par le Tour de ski, une compétition inventée par un autre fondeur grison, Jürg Capol, que Cologna a remportée pour la première fois en 2009.
Son premier triomphe au sommet de l'Alpe Cermis, à 22 ans, alors qu'il n'était connu que de quelques initiés, a marqué le début d'une période d'une dizaine d'années au sommet de la hiérarchie.
La Suisse possédait un nouveau «diamant», poli à l'école norvégienne, sous la houlette de coaches attentifs. Cologna a d'abord été lancé par Odd Kare Sivertsen, qui a fait «mûrir» son talent à l'Institut de sport-études de Ftan (GR).
Ecole norvégienne et instinct
Le même Sivertsen a ensuite oeuvré à l'arrivée, au printemps 2008, de son compatriote Fredrik Aukland comme entraîneur du groupe de distance à Swiss-Ski. Très proche de Cologna, Aukland a apporté sa méthode et sa science au fondeur grison connu par ailleurs pour son instinct développé, lui qui n'a eu de cesse de savoir écouter son corps tout au long de sa carrière.
Au faîte de sa gloire, le skieur de Val Müstair, sûr de lui-même, a réalisé la prouesse de gagner deux médailles d'or aux JO de Sotchi en 2014 à peine trois mois après s'être déchiré des ligaments à une cheville lors d'un footing.
Quatre ans plus tôt, à Vancouver, il était non seulement devenu le premier fondeur suisse médaillé aux JO depuis Andi Grünenfelder en 1988, mais aussi et surtout le seul Suisse à ce jour à remporter l'or.
Son avènement en élite, aussi soudain fût-il, n'aura pas surpris les spécialistes. Cologna a été médaillé de bronze mondial en juniors puis triple médaillé d'or aux Mondiaux M23. En 2007, il était devenu le plus jeune vainqueur du marathon de l'Engadine, à 21 ans. Sa longévité et sa régularité, sa polyvalence aussi, le classent parmi les tout grands champions de l'histoire du fond mondial de l'ère moderne. Un des rares à rivaliser avec les Nordiques ou les Russes.
Ultime sursaut ?
Sa carrière n'a pas été exempte de coups durs, notamment aux Championnats du monde, lors desquels il a dû attendre l'édition 2013 à Val di Fiemme pour se hisser au sommet du podium.
Après des passages à vide, le Grison a su revenir au meilleur de sa forme en 2018, pour remporter une quatrième fois le Tour de Ski et fêter un quatrième sacre olympique, à Pyeongchang, sur le 15 km en style libre.
Avant de remporter encore le 50 km de Holmenkollen, en mars, au terme d'un sprint extraordinaire contre Martin Johnsrud Sundby. Un dernier rebond est-il encore possible aux JO de Pékin?
ATS