Championne d'Europe en titre du 400 m haies, Lea Sprunger aborde les championnats du monde de Doha sans chrono de référence en 2019. Mais avec une légitime confiance en ses moyens, ainsi qu'une fraîcheur mentale et physique non négligeable.
La Vaudoise, 5e des Mondiaux 2017, ne fait pas partie des favorites sur le papier. «Elle a réussi quelques bons meetings, notamment à Zurich (réd: où elle avait été remarquable sur les 300 premiers mètres avant de coincer sur la fin), mais il lui manque un chrono de référence», concède son coach Laurent Meuwly.
Lea Sprunger n'est en effet toujours pas passée sous les 55 secondes cette année. Son meilleur temps en 2019 est de 55''13, ce qui la place en 14e position dans la liste des engagées. Même son record personnel (54''29) la situerait simplement au 7e rang de la hiérarchie annuelle...
«De la confiance dans mon sac à dos»
Mais «j'ai montré au cours des deux précédentes saisons que j'étais capable de performer dans les grands rendez-vous», rappelle Lea Sprunger, qui est devenue en mars dernier championne d'Europe du 400 m en salle. «Les titres que j'ai conquis pèsent dans la balance. J'ai emmené de la confiance dans mon sac à dos», assure-t-elle.
Mais pas suffisamment pour être certaine de frapper un grand coup. «Lea monte en puissance», glisse Laurent Meuwly. «Elle est vraiment prête sur les plans physique, technique et tactique. Mais elle a besoin d'une bonne série (réd: mardi soir) pour que sa confiance soit à la hauteur de sa préparation physique», souligne-t-il.
«Le 1er tour doit lui servir de référence. Pas spécialement en terme de chrono, mais surtout dans sa manière de le courir», ajoute le Fribourgeois. «Il doit lui permettre d'aborder dans les meilleures dispositions la course la plus importante, la demi-finale, où tout est aléatoire avec trois séries», rappelle-t-il.
Une fin de préparation idéale
Freinée en début de saison par une inflammation dans le bas du dos, Lea Sprunger est désormais en pleine possession de ses moyens. «J'ai effectué dix bonnes journées d'entraînement à Belek (réd: où elle est partie en camp après le match USA-Europe disputé les 9 et 10 septembre à Minsk), dans des conditions parfaites», explique-t-elle.
«Je suis ensuite rentrée pour quatre à cinq jours en Suisse afin de me ressourcer, de faire le plein d'énergie en famille. Je chéris chaque moment passé à la maison», lâche la Vaudoise, qui a notamment travaillé récemment le départ et le franchissement des trois premiers obstacles. «J'ai aussi fait un gros travail lactique afin d'augmenter ma résistance», ajoute-t-elle.
Son expérience – elle aura 30 ans en mars prochain – lui permet de ne pas tergiverser. «Je sais à 95% où je me situe. Les chronos que j'ai réalisés dernièrement à l'entraînement me permettraient d'aller en finale. Les 5% d'incertitude, c'est cette dernière haie que je n'arrive pas à franchir en 15 foulées», concède Lea Sprunger.
Les ennuis de santé qu'elle a connus pourraient également servir finalement ses intérêts. «On a vu que beaucoup d'athlètes tirent la langue dans ces Mondiaux. Ce n'est certainement pas son cas», sourit Laurent Meuwly. «Et dans cette saison qui traîne en longueur, c'est aussi un avantage de ne pas avoir connu de grande euphorie. Elle a toute l'énergie physique et mentale requise», conclut-il.
«Pas mega contente de prendre l'avion»
Lea Sprunger n'hésite par ailleurs pas à donner son point de vue sur ces controversés Mondiaux, marqués notamment par l'absence de public dans le Khalifa International Stadium (largement moins de 10'000 spectateurs présents chaque soir). «Je suis contre l'idée d'avoir organisé des Mondiaux ici», lâche-t-elle.
«Evidemment, je me réjouis de courir. Mais je n'étais pas mega contente de prendre l'avion», confesse la Nyonnaise, qui est arrivée à Doha dans la nuit de samedi à dimanche. «Il n'y a aucune culture de l'athlétisme. Les conditions (réd: la chaleur écrasante et la très forte humidité) ne sont pas acceptables, pas tolérables pour les athlètes. J'espère que l'IAAF tirera des conséquences.»