Swann Oberson a signé un exploit inattendu il y a tout juste 9 ans, le 22 juillet 2011, en devenant championne du monde du 5 km en eau libre. Ce titre demeure le seul pour la natation helvétique dans des Mondiaux estivaux.
La Genevoise avait abordé cette épreuve sans la moindre pression. L'essentiel était déjà acquis pour elle dans les eaux de Jinshan City Beach, en banlieue de Shanghaï. «Le fait d'avoir décroché ma qualification olympique trois jours plus tôt sur le 10 km (9e place) m'a totalement libérée», avait-elle confié.
«J'ai nagé relax. On est arrivé au départ avec mon team tout tranquillement. Je me sentais parfaitement reposée dans ma tête», avait poursuivi Swann Oberson, qui s'était définitivement convaincue de son potentiel en remportant la manche de Coupe du monde de Dubaï à l'automne 2010.
Sixième sur 10 km aux JO de Pékin 2008, la nageuse de Thônex ne faisait pourtant pas partie des candidates déclarées au podium à Shanghaï. «C'est incroyable, beaucoup de monde était stupéfait ici», avait-elle d'ailleurs lâché après son sacre sur 5 km, survenu quatre jours avant son 25e anniversaire.
«Beaucoup de gens ici, parmi les suiveurs du circuit, ont trouvé sympa qu'une Suissesse s'impose. Cela change des Américaines ou des Australiennes», avait également souligné Swan Oberson, qui avait su attendre son heure en ce 22 juillet 2011, restant «cachée» derrière les favorites pendant la première moitié de l'épreuve.
Le 4e rang, «pas une option»
Celle qui détient encore le record de Suisse du 1500 m en petit bassin – elle avait battu la marque de Flavia Rigamonti en 2008, avant de se consacrer pleinement à l'Open Water – avait alors surgi dans le dernier kilomètre. Elle s'était montrée la plus forte dans un sprint final à quatre, devançant de quatre dixièmes la Française Aurélie Müller et de cinq l'Américaine Ashley Grace Twichell.
Terminer au 4e rang n'était «pas une option» pour Swann Oberson, qui trouva là la juste récompense de ses efforts. Elle avait rejoint un an plus tôt un groupe d'entraînement professionnel à Würzburg, en Bavière, où elle «avalait» jusqu'à 100 km par semaine aux côtés notamment du multiple champion du monde Thomas Lurz. «En Allemagne, c'était tais-toi et nage», avait-elle d'ailleurs expliqué ensuite.
La déception à Londres
Cette professionnalisation lui a permis d'écrire la plus belle page de l'histoire de la natation helvétique. Avant elle, seuls trois Suisses – Dano Halsall, Marie-Thérèse Armentero et Flavia Rigamonti (à trois reprises pour la Tessinoise) – étaient parvenus à prendre place sur le podium d'un championnat du monde estival. Depuis, seul Jérémy Desplanches (2e du 200 m 4 nages l'an passé) l'a fait...
Si c'est sans le moindre regret que Swann Oberson a pris sa retraite sportive au printemps 2016, demeure tout de même un léger goût d'inachevé concernant son parcours aux JO. Certes, elle était plus à l'aise sur 5 km, une distance non-olympique. Mais sa 6e place décrochée sur 10 km à Pékin avait fait naître certains espoirs, et son 19e rang obtenu à Londres constitue une déception.
Persuadée qu'elle avait encore de belles choses à accomplir, la Genevoise était repartie pour un cycle olympique. Mais elle a jeté l'éponge à quelques mois des Jeux de Rio. «Mon rêve de gamine de participer aux JO s'est réalisé (plutôt deux fois qu'une) et j'ai même réussi à faire retentir notre cantique suisse sur la plus haute marche du podium en terre asiatique», a-t-elle écrit sur sa page internet à l'heure de quitter la compétition.