Trois occasions, c'est ce qui se présente désormais dans le Giro aux sprinters partagés entre l'envie d'aller jusqu'au bout ou de s'arrêter au pied des Alpes.
Terminus Novi Ligure, la ville de Fausto Coppi dans la plaine du Piémont (nord-ouest). Mercredi soir, le Giro sera bouclé pour plusieurs des participants du 102e Tour d'Italie. Après 12 étapes et avant le premier col de cette édition, qui affiche 28 montées et 25 descentes.
Si l'Allemand Pascal Ackermann et le Français Arnaud Démare, les deux premiers du classement par points, ont la ferme intention de rejoindre Vérone le 2 juin, d'autres sprinters du peloton sont moins concernés par la seconde moitié du Giro après les deux étapes de plaine de mardi (Modène) et mercredi (Novi Ligure).
Le Colombien Fernando Gaviria, un genou douloureux selon son équipe, a déjà arrêté, un succès d'étape en poche. L'Australien Caleb Ewan, vainqueur d'une étape lui aussi, et l'Italien Elia Viviani risquent de faire de même. Tous trois ont le Tour de France en perspective, au contraire d'Ackermann et de Démare.
«Arnaud ne basculera pas sur le Tour de France», souligne David Han, l'entraîneur du Français dans l'équipe Groupama-FDJ.
«On sait ce qu'un grand tour apporte au niveau physique pour les années suivantes. C'est important pour lui de terminer. Il y a aussi la motivation d'un autre sprint, dans la 18e étape. Mais, si les organisateurs mettaient un sprint dans la dernière étape, il y aurait un peu plus de chance que les sprinters aillent au bout».
«Sur le pont tous les jours»
Le Giro, qui s'était terminé l'an passé par une étape en ligne, un circuit urbain neutralisé dans Rome à cause des trous dans la chaussée (!), change régulièrement de formule. Au contraire du Tour de France, qui se conclut immuablement depuis 1990 par une étape en ligne sur les Champs-Elysées, une arrivée très convoitée par les sprinters.
«C'est d'abord un problème psychologique, plus que physique», estime David Han.
«On parle des coureurs du classement général qui sont toujours sous tension pour ne pas perdre de temps. Mais un sprinter est aussi sur le pont tous les jours. Dans une étape de plaine, il est impliqué à 100 %. Dans une étape de montagne, il est en galère».
Handicapés souvent par leur poids (jusqu'à plus de 80 kg) dans les cols, les sprinters doivent tenir compte des délais calculés par rapport à la moyenne du vainqueur de l'étape. Tout relâchement peut s'avérer dangereux, avec le risque de rater le «gruppetto» (regroupement des coureurs en peloton à l'arrière de la course) et d'encourir l'élimination.
Si nombre d'entre eux doublent Giro et Tour, rares sont ceux qui vont au bout des deux grands tours. Par le passé, l'Italien Mario Cipollini avait pris l'habitude de s'arrêter avant le premier col en France.
Par la suite, d'autres, comme l'Australien Robbie McEwen (10 abandons dans le Giro, 1 seul au Tour) ou l'Allemand André Greipel (abandons du Giro en 2010, 2015, 2016, 2017), ont fait le choix inverse. Pour pouvoir aborder les premières étapes du Tour, l'officieux championnat du monde du sprint, en condition.