Olivier Senn connaît le cyclisme sous toutes ses facettes. L'ancien amateur élite a fonctionné comme directeur général du Tour de Suisse de 2014 à 2018. Il évoque l'annulation de l'édition 2020.
Après une courte interruption, il est à nouveau responsable pour la boucle nationale en tant que co-directeur de la Firme Cycling Unlimited AG, le nouveau gérant du Tour de Suisse. D'autre part, Senn est propriétaire d'une agence qui représente des coureurs comme Stefan Küng, Fabian Lienhard et Stefan Bissegger.
Olivier Senn, quelques jours ont passé depuis l'annulation du Tour de Suisse de cette année. La douleur est-elle encore vive ?
"C'est logique que ça fasse encore mal parce que ce n'était pas ce que nous voulions. Mais en même temps, la décicion fut un grand soulagement."
Pourquoi ?
"Parce que nous avons cherché activement une solution et avons parlé avec toutes les parties qui étaient en contrat avec nous. Nous voulions une confirmation que tous soutenaient la décision. Ainsi, tous ont eu rapidement une situation claire et pas d'informations superficielles."
Vous voulez pour 2021 garder le même parcours avec les mêmes têtes d'étape. Cela va-t-il se réaliser ?
"On devrait pouvoir le déplacer avec un copier-coller en 2021. Nous sentons un large soutien pour cette solution. La plupart des lieux d'étape nous ont déjà dit qu'ils seront présents pour l'année prochaine. Pour certains, il nous manque encore une confirmation. Il nous faut attendre quinze jours. Je suis toutefois confiant que le tracé 2021 sera identique à 80% de l'édition prévue cette année. Espérons que nous pourrons même atteindre le 100%."
Pouvez-vous déjà chiffrer l'ampleur de la perte que doit supporter votre organisation cette année ?
"Nous sommes en train d'estimer ce qui pourrait manquer cette année. Nous ne sommes pas loin de pouvoir faire une communication claire. Mais avant nous devons aussi attendre le résultat de quelques activités en cours comme par exemple «The Digital Swiss 5» à la fin avril. Cela aura des répercussions financières parce que des sponsors ont encore des possibilités de s'engager."
Mais on imagine difficilement un bénéfice...
"Incontestablement, ça ne sera pas notre meilleure année depuis que nous dirigeons le Tour de Suisse."
La course digitale sera retransmise par la télévision suisse: comment est née cette idée pour sortir de la panade ?
"Nous travaillons depuis plus de six mois avec Rouvy (réd: une plate-forme pour le cyclisme en intérieur). C'est plus qu'une simple plate-forme ou les coureurs par hobby peuvent se mesurer avec les professionnels, qui emprutent ces tracés en hiver en reconnaissance. Mais il n'avait jamais été envisagé des courses entre pros. L'idée pour les courses d'avril a germé parce il n'y a plus aucune course au calendrier et que les équipes, les coureurs, les sponsors et la télévision ont du temps."
Y aura-t-il un Tour de Suisse digital en juin ?
"L'idée existe mais à ce jour il est trop tôt pour décider."
Comme dans tout le sport, le cyclisme est également victime du coronavirus. Comment estimez-vous la situation ?
"C'est une situation très difficile. Comme je m'occupe aussi de coureurs avec l'agence, je reçois pas mal d'informations sur leur situation. Nous avons également beaucoup de contacts avec les équipes. Certaines ont d'énormes problèmes financiers et quelques teams essaient d'utiliser la situation à leur avantage."
Qu'entendez-vous par là ?
"Avec des réductions massives des salaires, même avec des effets rétroactifs. Ces réductions peuvent même aller jusqu'à 70% et cela même depuis mars alors que des courses ont été disputées au début du mois. Tant qu'il n'y aura pas de courses, il y aura des répercussions massives sur le sport cycliste. Nous parlons d'une somme totale de 600 millions d'euros injectée dans le sport cycliste."