Corruption, prostituées, parties de chasse: une commission indépendante mise en place par la Fédération internationale (IBU) a publié jeudi un rapport accablant contre son ancien président Anders Besseberg. Elle l'accuse d'avoir couvert des cas de dopage russes en échange de diverses faveurs.
La commission de révision externe de l'IBU, qui a examiné plus de 70'000 documents, décrit en détail la manière dont le dirigeant norvégien, en poste de 1992 à 2018 avant de démissionner après les premières révélations de l'affaire et d'un rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA), a protégé les intérêts russes durant de nombreuses années avec l'aide de sa directrice générale Nicole Resch.
Anders Besseberg «a de manière constante protégé les intérêts de la Russie dans tous ses actes et ses prises de paroles, bien au-delà de toute rationalité», note la commission de révision externe. Celle-ci a été lancée en 2018 par son successeur à la tête de l'IBU, le Suédois Olle Dahlin.
Dans ce rapport de plus de 200 pages, basé sur des témoignages de lanceurs d'alerte, des perquisitions menées par les polices autrichienne et norvégienne, et sur le rapport de l'AMA, le Norvégien est notamment accusé d'avoir reçu au moins 200'000 dollars des responsables russes, d'avoir été convié à des parties de chasse en Russie et d'avoir été fourni en prostituées.
Complaisance
«Tout le monde savait dans les premiers cercles de la Fédération internationale que le président était accompagné d'une jeune +traductrice+ pour tous ses séjours en Russie», précise le rapport. Besseberg aurait en contrepartie caché directement plusieurs cas de dopage et exercé un lobbying intense auprès du comité exécutif de l'IBU pour garantir la participation des Russes aux Jeux olympiques d'hiver à PyongChang en 2018.
Selon le rapport, il a également pesé de tout son poids en septembre 2016 pour accorder l'organisation des Mondiaux 2021 à Tioumen en Sibérie alors que le scandale de dopage institutionnalisé dans le sport russe entre 2011 et 2015 avait déjà été révélé.
Nicole Resch, alors secrétaire générale de l'IBU, aurait elle reçu en 2009 une boîte de bijoux de la part du vice-président de la Fédération russe Alexander Tikhonov. Signe de sa complaisance envers les Russes, cette dirigeante n'a pas suivi les protocoles habituels après la révélation aux JO 2014 de valeurs sanguines anormales chez le biathlète Evgeny Ustyugov, qui a depuis perdu tous ses titres entre 2010 et 2014 pour dopage, et elle aurait tenté d'étouffer une enquête après la découverte d'une seringue contenant de l'EPO.
Ce rapport est désormais entre les mains de l'Unité d'intégrité du biathlon, seule habilitée à prendre des sanctions disciplinaires.
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