Athlétisme «Une claque pour réveiller» le relais suisse du 4x100 m

Nicolas Larchevêque, de retour d’Athletissima

30.8.2022

Après des Mondiaux à Eugene et des Européens à Munich ratés, le relais féminin suisse du 4x100 m est en pleine remise en question. Victorieuse vendredi dernier à Athletissima, l’équipe helvétique doit ainsi retrouver sa dynamique d'antan, tout en intégrant la nouvelle génération et en pansant ses plaies avec certaines de ses membres, à l’image de Sarah Atcho.

Le relais féminin suisse du 4x100 m n’a pas rencontré le succès escompté en 2022.
Le relais féminin suisse du 4x100 m n’a pas rencontré le succès escompté en 2022.
Keystone

Nicolas Larchevêque, de retour d’Athletissima

Figure de proue de l’athlétisme suisse depuis plusieurs années, le relais féminin du 4x100 m a subi un coup d’arrêt en 2022. Après trois quatrièmes places consécutives dans les grands rendez-vous (aux Européens 2018, aux Mondiaux 2019 et aux Jeux olympiques 2021), la formation helvétique s’est manquée à Eugene (7e place en finale en 42''81) et à Munich (éliminé dès les séries en 43''93).

Une double douche froide qui a obligé les relayeuses et leur staff à réagir. «On a eu une grande remise en question, mais on aurait peut-être dû le faire avant le regroupement avec toutes les filles», a ainsi avoué Melissa Gutschmidt, qui a intégré l’équipe aux Européens, vendredi après sa course à Athletissima. «On en a parlé hier (ndlr : jeudi dernier), ce qui a été, ce qui n’a pas été. Je pense vraiment qu’il y a une remise en question des coaches, des anciennes et des plus jeunes. C’est une claque qui va faire du bien pour l’avenir.»

Un avis partagé par Ajla Del Ponte, une des leaders de l’équipe. «Parfois, il faut juste une claque pour se réveiller. Il y a tout le monde qui pousse derrière. On a tiré tout le monde, on a montré l’exemple. On continue de se battre, et c’est ce qu’on va faire», a expliqué la Tessinoise à la suite de sa victoire avec Géraldine Frey, Mujinga Kambundji, Salomé Kora vendredi à la Pontaise en 42''91.

Même si ce chrono est resté loin du record de Suisse établi en demi-finales des JO de Tokyo en 2021 (en 42''05), «une victoire est une victoire», comme le relevait Del Ponte. «Ça nous fait du bien, c’est important. Le relais a toujours eu des hauts et des bas. Cette année aussi, mais on a fini (la saison) sur du positif», a, pour sa part, affirmé Kambundji.

Désormais, l’objectif de l’entraîneur Adrien Rothenbühler sera de gommer les quelques problèmes «techniques» rencontrés récemment, mais aussi d’intégrer au mieux la nouvelle génération, sans perturber l’équilibre d’antan. Avec l’émergence de coureuses comme Natacha Kouni, Léonie Pointet, Melissa Gutschmidt ou encore Géraldine Frey, le relais suisse fait en effet aujourd’hui face une forte concurrence interne qu’il n’a jamais connu.

Les deux dernières citées ont, par exemple, été préférée à Sarah Atcho - qui a pourtant fait partie pendant longtemps de l’indéboulonnable quatuor qu’elle formait avec Kambundji, Del Ponte et Kora - lors de la finale des Mondiaux et des séries des Européens. Une décision que la Vaudoise de 27 ans a eu de la peine à encaisser.

Sarah Atcho : «J’en veux un peu au coach»

«Munich, ça m’a achevée parce que je n’arrive toujours pas à comprendre comment je peux courir aux Championnats du monde (en séries) mais ne pas être sélectionnée pour les Championnats d’Europe», a confié Atcho vendredi après son 100 m à la Pontaise. «Je n’en veux à personne, en soi. Je peux m’en vouloir qu’à moi parce que j’aurais dû courir beaucoup plus vite pour être sûre de sécuriser ma place. Mais... j’en veux peut-être un peu au coach pour le manque de compassion.»

«Ça a été assez brutal, du genre : «salut, tu ne cours pas, ciao» et basta. Quand on sait tout le travail qu’on a mis derrière, le nombre de fois où j’ai risqué ma santé pour ce relais... Réintégrer ce relais du 4x100 m sera un objectif à vie. Le fait d’être dans cette équipe, c’est le highlight de ma vie en général, donc je ne vais pas arrêter tant que je n’y retourne pas», a expliqué la Lausannoise.

Malgré sa rancoeur, cette dernière n’a pas souhaité jeter la pierre sur ses coéquipières, à commencer par Gutschmidt, coupable d’un passage de témoin raté et fatal avec Kora à Munich pour sa première sélection. «Je sais que c’était sa première rentrée et c’est compliqué d’en ressortir avec un échec. Mais c’est aussi une bonne occasion pour se remettre en question et apprendre de ses erreurs comme on en a tous déjà fait», a ainsi relevé Sarah Atcho.

«L’arrivée des jeunes a un peu perturbé la dynamique»

Avant de tirer le positif des récents échecs : «C’est l’occasion de faire un pas en avant en ce qui concerne le «team spirit», d’être plus une équipe. On doit reconstruire cet esprit d’équipe et de famille qu’on avait jusqu’à maintenant parce qu'il y a tout un groupe de jeunes qui est arrivé et qui a un peu perturbé la dynamique. Il faut que tout le monde se sente mieux. Nous devons toutes nous remettre en question pour que ça fonctionne.»

Gageons dès lors au relais féminin qu’il parvienne à trouver la bonne formule avec tous ces éléments. Son avenir ne pourra s’annoncer que radieux.