Genève
Xue Yinxian, une femme médecin chinoise qui dénonce le dopage systématique des sportifs de son pays dans les années 1980 et 1990, s'est réfugiée en Allemagne où elle demande l'asile politique, affirme dimanche l'émission Sportschau, de la chaîne publique allemande ARD.
Bien qu'elle ait été évincée de ses fonctions au plus haut niveau du sport chinois, elle raconte avoir été menacée avant les jeux Olympiques de Pékin-2008. Huit personnes lui ont rendu visite chez elle: "Ils m'ont averti que je ne devais pas parler du dopage (...) parfois ils appelaient à cinq heures du matin chez nous. Mes deux fils ont perdu leur travail à cause de cela".
Aujourd'hui âgée de 79 ans, Xue Yinxian a parlé publiquement pour la première fois en 2012, et estime aujourd'hui qu'elle n'est plus en sécurité dans son pays. Elle vit depuis quelques semaines en Allemagne dans un foyer de réfugiés, selon Sportschau.
Son témoignage, recueilli par ARD, se réfère explicitement aux années 1980 et 1990: "Les sportifs chinois des équipes nationales ont massivement recouru au dopage", dit-elle, "les médailles ont été gagnées grâce au dopage, toutes les médailles internationales (de cette période) devraient leur être retirées".
Elle était chargée, depuis les années 1970, du suivi médical de plusieurs équipes nationales, dont l'équipe de gymnastique, qui a dominé les compétitions internationales.
"Plus de 10'000 personnes sont probablement concernées", poursuit-elle, assurant que le dopage commençait dès les compétitions régionales: "On ne croyait qu'au dopage. Celui qui se dope sert son pays, disait-on. Ceux qui sont contre mettent le pays en danger, et ceux qui ont mis le pays en danger sont aujourd'hui en prison".
Selon elle, tout le système chinois de contrôle n'avait qu'un seul but: s'assurer que les athlètes ne soient pas contrôlés positifs sur la scène internationale. Elle assure avoir été consultée pour soigner des enfants de 11 à 14 ans victimes d'effets secondaires du dopage.
Elle dit aussi avoir été éloignée des équipes nationales pour avoir refusé de soigner un membre de l'équipe de gymnastique avec des produits interdits aux jeux de Séoul en 1988.
Les journalistes d'ARD ont tenté de contacter le comité olympique chinois et le ministère des Sports, mais n'ont jamais reçu de réponse à leurs demandes, selon Sportschau.
Retour à la page d'accueil