L'ancienne championne Sarah Abitbol a été entendue lundi par la brigade des mineurs dans l'enquête ouverte début février pour viols et agressions sexuels sur mineurs. L'information du Parisien a été confirmée à l'AFP de source judiciaire et par une source proche de l'enquête.
Bien que Sarah Abitbol n'a pas porté plainte, les viols qu'elle a dénoncés étant prescrits, l'audition de celle qui s'était dite «à la disposition de la justice» était attendue.
Dans un livre témoignage («Un si long silence», Plon), Sarah Abitbol a accusé son ancien entraîneur Gilles Beyer de l'avoir violée et agressée sexuellement plusieurs fois entre 1990 à 1992, une période couverte par la prescription.
La patineuse artistique a dénoncé les faits «pour pouvoir se reconstruire, mais également pour apporter sa voix et son soutien aux femmes en souffrance, qui n'ont pas divulgué leur lourd secret», avaient affirmé ses avocats dans un communiqué.
Le parquet de Paris a ouvert le 4 février une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles sur mineurs par personne ayant autorité sur la victime. Les investigations, confiées à la brigade des mineurs de Paris, visent à identifier d'autres victimes potentielles.
La mère d'une jeune patineuse a aussi accusé Gilles Beyer de harcèlement sexuel et de chantage entre 2017 et 2018, selon un témoignage rapporté par L'Equipe. Des faits récents qui tomberaient sous le coup d'une possible action judiciaire.
Les révélations de Sarah Abitbol ont provoqué la démission sous pression du patron du patinage français, Didier Gailhaguet, mais aussi un séisme dans le monde du sport. D'autres accusations de viols ou d'agressions sexuelles dans d'autres disciplines ont été faites.
En 2001, Gilles Beyer a fait l'objet d'une enquête administrative, déclenchée sur la base de signalement de parents d'une jeune patineuse, qui avait conclu qu'il ne devait plus avoir «aucune fonction d'encadrement de jeunes» et avait conduit le ministère des Sports à mettre fin à ses fonctions de cadre d'Etat au 31 mars 2001.
Malgré sa mise à l'écart après cette enquête, Beyer a poursuivi sa carrière. Il a aussi effectué plusieurs mandats au bureau exécutif de la Fédération française des sports de glace, et dans les années 2010, organisé plusieurs tournées de gala de l'équipe de France de patinage.
Gilles Beyer, qui a concédé des «relations intimes» et «inappropriées» avec Sarah Abitbol, «réserve ses déclarations à la justice, à la disposition de laquelle il se tient», avait déclaré son avocat Me Thibault de Montbrial.