Dans 50 ans Coup de chaud sur les Jeux olympiques d’hiver

ATS

3.2.2022 - 08:17

Fragiles par définition car exposés aux aléas climatiques pour les épreuves de neige, en proie à la frilosité de potentiels candidats à leur organisation, les Jeux olympiques d'hiver doivent évoluer pour durer, voire survivre. Les experts préviennent.

Les JO d’hiver devront composer avec le réchauffement climatique.
Les JO d’hiver devront composer avec le réchauffement climatique.
KEYSTONE

Keystone-SDA

Avis de tempête (et coup de chaud) sur les JO d'hiver! Selon une étude de l'université canadienne de Waterloo, publiée mi-janvier, la température moyenne en février dans les villes-hôtes des JO d'hiver est passée de +0,4°C pour la période 1920-1960 à +3,1°C entre 1960 et 2000 et à +6,3°C depuis le début du nouveau millénaire.

Si le contexte actuel de réchauffement climatique se poursuit, il faudrait ajouter à la température moyenne observée en février dans les 21 villes qui ont accueilli les JO d'hiver depuis 1924 1,9°C d'ici les années 2050 et 2,7°C d'ici les années 2080.

Conséquence, préviennent les universitaires canadiens, américains et autrichiens qui ont participé à cette étude, si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites de façon à atteindre les objectifs de l'accord de Paris, à la fin du siècle, une seule des 21 anciennes villes-hôtes, Sapporo, au Japon, disposerait de conditions assez fiables pour accueillir les JO d'hiver!

Système de rotation

Si le réchauffement climatique menace à long terme l'avenir des Jeux d'hiver, le Comité international olympique doit aussi composer avec un problème plus immédiat: de moins en moins de villes sont prêtes à accueillir cette quinzaine du blanc à la facture salée et à la popularité chancelante, en particulier en Europe.

«Les Jeux doivent être repensés: comme ils deviennent de plus en plus grands, cela exclut par exemple des stations des Alpes», note Robert Siegler de l'Université d'Innsbruck, qui a participé à l'étude canadienne.

«Il faudrait des Jeux plus petits, abonde Martin Müller, de l'université de Lausanne. Pas forcément pour les athlètes, car il y en a très peu (2800 à Pékin, contre 11'000 à Tokyo l'été dernier). Ce qui fait l'empreinte territorial/carbone, ce sont les spectateurs, les médias, tout l'entourage en fait, à mon sens il faut remettre le sport et les athlètes au centre de ces Jeux.»

Cet universitaire propose une mesure radicale pour amortir les coûts, financiers et environnementaux, des constructions d'une piste de bobsleigh/luge/skeleton, d'un tremplin de saut à skis et d'un anneau de patinage de vitesse: confier les JO plusieurs fois à la même ville-hôte.

«On pourrait imaginer trouver trois ou quatre villes dans le monde qui ont l'infrastructure pour faire un roulement avec une ville en Europe, une autre en Amérique, une autre en Asie. Cela fonctionnerait aussi pour les Jeux d'été», espère-t-il.

Survie

C'est selon lui la survie des JO d'hiver qui est en jeu: «Est-ce que cela va mener à des Jeux plus modestes ou alors ils vont devenir de moins en moins populaires avec un manque de villes-hôtes pour à terme disparaître?»

Robert Steigler croit que les JO d'hiver peuvent trouver un second souffle en renouant avec leur histoire, lorsqu'ils étaient vecteurs au XXe siècle du développement touristique dans les Alpes notamment.

«Il y a plein de marchés émergents comme la Chine, le Kazakhstan, la Turquie, la Bulgarie où il y a des montagnes et un secteur du tourisme hivernal qui pourrait se développer par le biais d'un méga-événement comme les JO», estime-t-il.