Andres Ambühl dispute à 38 ans ses 5es JO à Pékin. Malgré les trois défaites du tour préliminaire, le capitaine davosien se refuse à tout jeter à la poubelle.

«Les deux premiers matches auraient pu basculer de notre côté, martèle Ambühl dans un entretien avec l'agence de presse Keystone-ATS. Et contre les Danois, nous avons fait preuve de beaucoup d'indiscipline dans le deuxième tiers-temps (perdu 3-0).» Argument parfois utilisé comme excuse, la petite taille des patinoires ne trouve pas écho chez le Grison: «Bien sûr, nous n'avons pas eu de match de préparation et donc moins de temps pour nous habituer, mais la plupart des équipes ont connu la même situation.»
Pour «Bühli», il est important de «garder son calme, car tout n'a pas été mauvais». De toute façon, selon lui, la situation n'est pas très différente de ce qu'elle aurait été si la phase de groupes s'était mieux déroulée, puisque même deux victoires n'auraient pas suffi pour se qualifier directement pour les quarts de finale. «Je suis impatient de montrer en huitièmes de finale que nous pouvons faire mieux, lance-t-il. Nous devons faire encore plus pour forcer la chance.» Concrètement, il s'agit pour les Suisses de parvenir à défendre avec la même discipline que lors des deux premiers matches, tout en parvenant à créer davantage devant ou, comme le souligne Ambühl: «Nous devons arrêter de jouer en périphérie.»
Retrouver l'esprit de 2006
Un troisième échec consécutif en huitièmes de finale aux JO ne correspondrait pas à l'image que l'équipe de Suisse a d'elle-même. Ce n'est pas pour rien que l'objectif avoué avant la compétition était d'atteindre les demi-finales. Ambühl a vécu de près cette évolution positive. Les Jeux de 2006, lorsque les Suisses ont battu le Canada (2-0) et les Tchèques (3-2) lors du tour préliminaire, avec leurs stars de NHL, ont-ils servi de déclic? «C'est là que nous avons réalisé pour la première fois que c'était possible (de battre les grands), mais nous n'y avons vraiment cru que plus tard. En 2006, c'était encore comme si nous bétonnions derrière et marquions parfois un but avec un peu de chance. Maintenant, nous dictons notre jeu.»
Le tournant a davantage été selon lui le Championnat du monde 2010, lorsque les Suisses ont terminé le tour intermédiaire devant la République tchèque et le Canada, avant d'échouer en quart de finale contre l'Allemagne (1-0). «Lors de ce tournoi, nous avons plutôt bien joué, la médaille d'argent aux Championnat du monde de Stockholm (2013) a ensuite été la confirmation et, sous Fischer, nous avons continué à progresser. Nous avons aujourd'hui un contingent nettement plus diversifié. Beaucoup partent à l'étranger dès leur plus jeune âge, ce qui entraîne une attitude différente de celle que nous avions auparavant.»
Porte-drapeau nerveux
Ambühl a osé lui aussi faire le saut en Amérique du Nord en 2009, à l'âge de 26 ans, mais il n'a jamais eu sa chance avec les New York Rangers, même à l'occasion des matches de présaison. Après une année en AHL, le Grison est revenu en Suisse. «C'est un chapitre de ma carrière qui ne s'est pas déroulé comme je l'espérais. Néanmoins, c'était une expérience importante, car jusque-là, tout s'était à peu près bien passé. Cela m'a donc fait du bien de me prendre une claque. Avec les connaissances actuelles, j'aurais certainement abordé les choses différemment si j'avais choisi une autre équipe. Mais à l'époque, je n'avais pas de plan pour savoir comment ça se passerait là-bas, je pensais que tôt ou tard j'aurais une chance si je mettais les gaz et si je cravachais.»
Malgré ce petit «échec» sur son CV, la carrière d'Ambühl est plus qu'honorable. Les responsables de Swiss Olympic ne se sont d'ailleurs pas trompés en le nommant porte-drapeau avec la skieuse Wendy Holdener lors de la cérémonie d'ouverture. «J'ai été assez surpris de pouvoir le faire et j'étais extrêmement content, raconte le capitaine davosien. J'étais un peu nerveux, parce que tu ne veux pas faire une connerie devant tout le monde.»
En huitièmes de finale contre les Tchèques, Ambühl s'attend à ce que le match soit «très serré», comme lors de la défaite 2-1 après les tirs au but du tour préliminaire. «Les Tchèques sont une équipe extrêmement talentueuse sur le plan offensif», conclut-il. Aux Suisses de contenir une nouvelle fois cette attaque, tout en arrivant enfin à passer un match à élimination directe pour la première fois depuis 2018. Le retour de Dario Simion, enfin libéré de son isolement covid, doit aussi donner un coup de boost à la sélection de Patrick Fischer en dépit d'une préparation forcément tronquée pour l'attaquant zougois.
jfd, ats