Mujinga Kambundji s'apprête à disputer à Tokyo, à 29 ans, ses troisièmes JO. Avec des ambitions forcément plus élevées qu'à Londres 2012 et à Rio 2016. «J'évolue désormais à un tout autre niveau», souligne-t-elle.
Alignée à Londres en relais uniquement – avec une élimination en séries, demi-finaliste sur 100 m et sur 200 m à Rio, Mujinga Kambundji est entrée dans une autre dimension en 2018 en passant sous les 11 secondes sur 100 m (10''95). Mais la Bernoise est consciente de la difficulté de la tâche qui l'attend à Tokyo.
«Une médaille olympique, c'est toujours le rêve. Mais c'est difficile de dire ce qu'il sera possible de réussir. Ce serait déjà incroyable de disputer une finale individuelle. Ensuite tout serait possible», glisse Mujinga Kambundji, qui l'avait d'ailleurs démontré en se parant de bronze sur 200 m lors des Mondiaux de Doha en 2019.
«Toutes au sommet de notre forme»
Les chances de médaille ne sont-elles pas plus réalistes avec le relais 4x100 m, qui s'était classé 5e aux Mondiaux de Londres en 2017 puis 4e à Doha deux ans plus tard? «Statistiquement, c'est clair: il n'y aura que 16 équipes en lice, donc une concurrence moindre», rappelle-t-elle.
«Ce sera plus facile d'accéder à la finale du relais. Mais il faudra que nous soyons toutes au sommet de notre forme. Et on sait bien que des fautes peuvent survenir en relais», souligne Mujinga Kambundji, qui ne sait que trop bien de quoi elle parle, elle qui avait lâché le témoin au départ de la finale des Européens 2014 à Zurich.
Les 42''42 réalisés à Genève le 12 juin en compagnie de Riccarda Dietsche, Ajla Del Ponte et Salomé Kora, à 0''24 du record de Suisse établi à Doha, sont en tout cas prometteurs. «J'étais surprise en bien par ce chrono, même si je m'attendais à ce que nous soyons rapides», reconnaît-elle.
Une première à Genève
«C'était la première fois depuis longtemps que nous courions ensemble (réd: depuis les Mondiaux 2019), et la première fois qu'Ajla me transmettait le témoin», précise Mujinga Kambundji, troisième relayeuse du quatuor ce jour-là. «Mais nous avions toutes de bonnes sensations», glisse-t-elle.
«Si nous sommes toutes les quatre très rapides à Tokyo et si nous ne commettons pas de faute, nos chances seront réelles», convient la sportive suisse 2019, pour qui l'incertitude concernant le nom de la quatrième relayeuse – vraisemblablement Riccarda Dietsche ou Sarah Atcho – ne constitue pas un souci. Au contraire même.
«Récemment, nous avons toujours aligné le même quatuor (réd: avec Ajla Del Ponte, Sarah Atcho et Salomé Kora, aux Mondiaux 2017 et 2019 ainsi qu'aux Européens 2018). Mais le fait qu'il y ait plus de concurrence pousse tout le monde à aller plus vite. Cela n'amène pas de tension entre nous, mais augmente la motivation», glisse-t-elle.
Des détails à améliorer
Si Mujinga Kambundji connaît parfaitement le potentiel du relais helvétique, il n'en va pas tout à fait de même en ce qui concerne les courses individuelles. «Je ne sais pas encore véritablement ce dont je suis capable sur 100 m», où elle n'a pu faire mieux que 11''05 cette saison (26e performeuse de l'année).
«Sur 200 m, je sens déjà que le potentiel est là, même s'il y a encore des détails à améliorer concernant ma deuxième partie de course», explique la Bernoise, qui s'est confiée à Keystone-ATS il y a un peu plus d'une semaine. Mais ses 22''60 réussis à Florence le 10 juin ne la placent qu'au 28e rang de la hiérarchie 2021...
Une expérience différente
Mujinga Kambundji aborde en tout cas ces joutes japonaises avec une certitude: «Ce ne seront pas des JO comme les autres. On ne pourra pas découvrir la ville ou faire la fête. Et ça sera bizarre de ne pas avoir de public. Mais c'est ok pour moi, ce sont mes troisièmes Jeux. Le plus important, c'est la compétition. Et je reviendrai une autre fois pour visiter la ville», souffle-t-elle.