Entrouvrir la porte à l'activisme politique des sportifs: le CIO s'est efforcé mardi d'adapter les Jeux à leur époque, à trois jours de l'ouverture de ceux de Tokyo (23 juillet-8 août).
L'espace d'une poignée d'heures, l'instance olympique s'est projetée au-delà de cette édition japonaise reportée d'un an et troublée par la pandémie, source de «doutes quotidiens» et de «nuits sans sommeil», selon son patron Thomas Bach.
Réunis à huis clos dans un palace de Tokyo pour la 138e session, les membres du CIO, après avoir unanimement accepté l'inscription du ski-alpinisme au programme des JO 2026 de Milan, ont validé l'extension de la liberté d'expression des sportifs prévue début juillet par la commission exécutive.
Black Lives Matter
C'est un sujet crucial compte tenu du mouvement «Black Lives Matter» et des débats qui ont agité le récent Euro de football.
Les participants aux Jeux pourront désormais s'exprimer sur des sujets politiques ou sociétaux lorsqu'ils s'adressent aux médias, lors des réunions d'équipe, sur les réseaux sociaux et même juste avant les départs de leurs épreuves.
L'article 50 de la Charte olympique bannissait jusque-là toute «démonstration ou propagande politique», et avait notamment servi à sanctionner les sprinters américains Tommie Smith et John Carlos pour avoir brandi leur poing ganté de noir sur le podium du 200 mètres des JO 1968 de Mexico.
Limites posées
Mais son intransigeance paraissait inadaptée à l'heure du soutien affiché par nombre de sportifs à la lutte anti-racisme, en particulier aux Etats-Unis où basketteurs et footballeurs ont pris l'habitude de poser un genou à terre et de lever le poing avant le coup d'envoi de leur match.
Le CIO interdit néanmoins toujours de manifester pendant les épreuves, sur les podiums, pendant les hymnes ou dans le Village olympique, ou de «viser des gens en particulier, des pays, des organisations et toucher les gens dans leur dignité», sous peine de sanction.
Reste à voir si les participants aux Jeux respecteront ces limites, alors que la sprinteuse américaine Gwen Berry a récemment tourné le dos au drapeau américain pendant l'hymne US lors des «trials» d'Eugene, où elle a décroché sa qualification pour Tokyo.