Jérémy Desplanches s'est longuement confié à Keystone-ATS jeudi à Montmartre, en mode décontracté, alors qu'il a nagé pour la dernière fois au plus haut niveau samedi dernier. «Je profite de ces Jeux, de voir les athlètes suisses et les autres à leur meilleur niveau. Et je fais un peu la fête aussi», se marre-t-il.
Le Genevois de 30 ans tire un premier bilan positif. «Ces JO étaient réussis pour moi», malgré son élimination en demi-finale du 200 m 4 nages. «J'ai réussi à prendre du plaisir en mettant la performance de côté, ce qui n'était pas gagné. Normalement, pour moi le plaisir provient de la performance», poursuit-il.
«Une 12e ou une 13e place, ce n'est évidemment pas ce qui je visais il y a quelques années. Je devais donc m'y préparer», souligne le médaillé de bronze des JO 2021. «Mais terminer ici avec un tel engouement populaire, devant mes proches et ma famille, c'est assez dingue», rayonne-t-il.
Un nouveau chapitre
S'il va nager jusqu'à fin 2024 – «pas au niveau actuel, mais pour préparer les Mondiaux militaires» – tout en préparant le marathon de New York et s'il va ensuite effectuer un long voyage de noces avec son épouse Charlotte Bonnet, Jérémy Desplanches se prépare à un nouveau chapitre. «La peur du vide commence à venir», concède-t-il.
«Le soir je commence à regarder quelles formations sont possibles, lesquelles m'intéresseraient. Mais ça part dans tous les sens car tout m'intéresse, et ensuite je me mets à divaguer», glisse-t-il. «Ce vide est assez effrayant. Mais cela signifie aussi que j'ai un éventail de possibilités assez large.»
N'aurait-il donc pas dû songer plus tôt à son après-carrière? «Je m'étais interdit d'y penser pendant ma carrière, car tout ne tenait qu'à un fil ces dernières années. Avec notre voyage de noces qui va durer plusieurs mois et la décompression, je ne vais pas être dans le monde de l'emploi avant un an», estime-t-il.
«Je peux prendre le temps de voir ce qui me plaît. Ca fait seulement quatre jours que je commence à penser à ma reconversion. J'essayais de ne pas y penser, car quand on pense à la suite on ne vit pas dans le présent», explique le champion d'Europe 2018 et vice-champion du monde 2019 du 200 m 4 nages.
«Il était important de disputer ces Jeux sans aucune appréhension par rapport à la suite», poursuit-il. «Ca fait peur de me dire que je peux tout faire. Cette liberté est tellement nouvelle pour moi, je dois la dompter et adopter une nouvelle ligne de conduite», lâche-t-il.
«Ne pas trop vite tourner en rond»
Jérémy Desplanches ne va donc pas s'arrêter d'un coup de nager. «J'ai prévu de nager jusqu'à fin décembre pour désaccoutumer mon corps. C'est hyper important de ne pas passer de 15 ans d'entraînement intense à rien du tout, même si j'ai un marathon à préparer», précise-t-il.
JO 2024 - En direct sur blue News !
Du 26 juillet au 11 août, Paris se transforme en l'épicentre mondial du sport. Découvrez nos reportages, suivez les épreuves en direct sur notre live-blog, consultez le tableau des médailles en temps réel et retrouvez toutes les infos sur blue News.
«Ce marathon est aussi une bonne solution pour ne pas tomber dans un vide ou manquer d'objectifs. Un marathon ça se prépare, ça va bien m'occuper car tout est très nouveau pour moi. Cela me permettra de ne pas trop vite tourner en rond», lâche le Genevois, qui peut par ailleurs compter sur le soutien de ses sponsors jusqu'à fin 2024.
S'il admet une certaine crainte par rapport à cette nouvelle vie qui se profile, Jérémy Desplanches n'a certainement pas peur de se tromper et de devoir continuer à chercher. «J'aime bien faire des boulettes pour progresser à ma façon», lâche le Genevois, qui n'a en outre aucun regret par rapport à ses choix de carrière.
«Je ne changerais rien, et c'est ce dont je suis le plus fier. Avec Philippe Lucas (coach qu'il a rejoint après Tokyo 2021 mais a quitté fin 2023), ça n'a pas marché dans l'eau car je n'avais plus la même motivation. Mais j'ai rencontré un mec en or. Les choses se sont toujours bien passées, humainement ou sportivement», apprécie-t-il.
«Savourer chaque médaille»
Quel conseil donnerait-il au Jérémy Desplanches âgé de 15 ans ? «Je lui dirais de prendre son temps. Que s'il n'est pas le meilleur à 15 ans, cela ne signifie pas qu'il ne le sera pas à 25. C'est hyper important. Il faut avoir des attentes, mais il faut planifier sur le long terme», répond-il.
«Il faut profiter de chaque bon moment, il faut savourer ses médailles. Malheureusement, je n'ai pas suffisamment profité de ma dernière médaille», celle conquise à Tokyo en 2021. «Il faut savourer chaque médaille comme si c'était la dernière, sans prendre la grosse tête mais en en profitant dignement», conclut-il.