Jan Scherrer était évidemment aux anges après s'être paré de bronze dans le concours de half-pipe des JO de Pékin vendredi. «Je ne pourrais pas me sentir mieux», a lâché le St-Galloise de 27 ans.
Jan Scherrer, lorsque vous étiez enfant, vous regardiez les snowboarders à Laax et admiriez Shaun White et ses tricks. Aujourd'hui, vous avez remporté une médaille de bronze, devant Shaun White. Que ressentez-vous ?
«Je ne pourrais pas me sentir mieux. Tout semble encore surréaliste. Il y a très peu de monde ici, mais j'ai atteint mon plus grand objectif. Que j'y parvienne lors de la dernière compétition de Shaun White et que nous nous prenions dans les bras à l'arrivée, qu'il soit submergé par l'émotion et heureux pour moi, c'est magnifique».
Quelles sont les images qui vous viennent à l'esprit lorsque vous pensez au long chemin qui vous a mené à cette médaille olympique ?
«Je pense à moi quand j'étais enfant, quand je faisais du ski entre quatre et sept ans, quand je voyais des gens en snowboard et que je trouvais que ça avait l'air beaucoup plus cool. Je me souviens de mon père, qui a vu ma motivation pour le snowboard, qui m'a toujours soutenu, mais qui ne m'a jamais poussé. Et de ma maman, qui a tout arrangé à la maison. Je me souviens avoir vu, enfant, des images de la finale du half-pipe des Jeux de 2002 à Salt Lake City, avec des riders aux drôles de coiffures et leurs écouteurs cool. Pour moi, c'était le top ! Mais tout s'est vraiment mis en place lorsque j'ai intégré le gymnase sportif de Davos à l'âge de 15 ans. C'est à partir de là que l'idée de performance a grandi.»
Pepe Regazzi, l'entraîneur de l'équipe nationale suisse, parle toujours des nombreuses pièces du puzzle qui doivent s'accorder pour réussir. Quels sont les plus importantes pour vous ?
«Je ne connais pas vraiment la réponse, mais la pièce la plus importante est sans doute le mental. Physiquement, tu dois bien sûr aussi être prêt, notamment pour pouvoir surmonter les chutes sans te blesser. La force et l'endurance sont importantes, mais si ce n'est pas le cas dans la tête, même le corps le plus solide ne te servira à rien. Dans mon cas, ce qui est aussi décisif, c'est que mon attention s'est déplacée. Avant, je m'orientais beaucoup trop vers les autres, je regardais toujours ce qu'ils réalisaient au lieu de faire ce que je faisais le mieux. Le fait d'avoir compris que les rotations en alley oop étaient ma grande force, que j'étais le meilleur dans ce domaine et que je devais miser sur cette force est aussi un élément important. Cela aurait été une erreur d'imiter les autres et de ne pas capitaliser là-dessus.»
Le coach cite comme autre facteur le fait que votre vie soit bien équilibrée.
«Dans ma vie, tout s'accorde effectivement. Je me suis marié, je vais bientôt être père. Au début, j'avais peur que tout soit trop lourd pour moi. Au lieu de cela, j'arrive parfaitement à débrancher grâce à ma famille. Quand je suis à l'entraînement, j'ai la tête à l'endroit. Quand je suis loin de la montagne, je ne pense même pas au snowboard. Prendre cette distance me fait du bien».
Au cours des prochains mois, vos priorités vont changer...
«A partir du printemps, la famille sera certainement au centre de mes préoccupations pendant quelques mois. Je m'en réjouis énormément. Mais ce n'est certainement pas une retraite, ne vous méprenez pas.»