Dans deux ans pile, place aux Jeux paralympiques de Paris. Malgré un succès croissant depuis les Jeux de Londres en 2012, celui-ci ne se traduit pas toujours en pratique pour les parasportifs amateurs ni dans le quotidien des personnes en situation de handicap.
Multimédaillé olympique en tennis fauteuil, Michaël Jeremiasz est pourtant convaincu que les Jeux paralympiques peuvent être «un outil puissant en terme de changement de regard, en terme d'inclusion et d'accessibilité».
Il affiche un objectif ambitieux: il faut que les Jeux de Paris «soient utiles» et «rendent le quotidien beaucoup plus égalitaire aux 12 millions de personnes handicapées en France», explique-t-il à l'AFP.
Alors à deux ans de l'évènement (28 août-8 sept), ce membre de la commission des athlètes du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP) de Paris préconise «une accélération de la communication et des engagements forts du gouvernement sur les questions d'accès aux droits».
Les Jeux paralympiques s'ouvriront un peu plus d'un mois après les JO par une cérémonie place de la Concorde. La présentation en grande pompe de la cérémonie d'ouverture des JO sur la Seine en décembre 2021, sans un mot sur la cérémonie paralympique, avait d'ailleurs suscité quelques crispations en coulisses.
Journée spéciale le 8 octobre
«J'aurais aimé qu'on puisse afficher à ce moment-là une ambition pour les cérémonies paralympiques», reconnaissait Marie-Amélie Le Fur, présidente du comité paralympique français (CPSF) quelques semaines plus tard auprès de l'AFP.
Les contours de la cérémonie place de la Concorde ne sont pas encore définis mais elle se dit «vigilante» sur «la jauge» qui ne doit «pas être inférieure à celle du Stade de France», explique-t-elle cette semaine à l'AFP. Côté finances, l'Etat met 100 millions d'euros pour les paralympiques dans le budget du comité d'organisation de 4 milliards d'euros au total.
Côté performance, avec 54 médailles françaises, «Tokyo nous a démontré qu'il y avait un élan», explique Marie-Amélie Le Fur, qui regrette que le mouvement paralympique n'existe pas plus entre deux éditions.
Justement, pour mieux faire connaître les parasports, une journée sera pour la première fois dédiée le 8 octobre à Paris. En attendant de voir s'affronter en 2024 plus de 4.000 parasportifs dans 22 disciplines. 3,4 millions de billets seront mis en vente (10 millions pour les JO).
Sortir du «pathos»
«Il faut que les médias parlent de la performance des sportifs de haut niveau», plaide Marie-Amélie Le Fur, exhortant à sortir du «pathos». Cela freine le phénomène d'identification et crée une sorte de «fracture» entre les champions paralympiques présentés comme des surhommes et des surfemmes et Monsieur tout le monde.
«Le concept de super héros est limitant et contreproductif», renchérit Michaël Jeremiasz, auteur du récent documentaire «We are people». Car au-delà des médailles, l'objectif c'est de «renforcer la pratique sportive. Et on est encore bien loin de l'objectif», affirme Marie-Amélie Le Fur.
«Nous n'avons pas suffisamment de clubs, nous avons des problématiques de transport, les jeunes en situation de handicap ne pratiquent pas suffisamment», le parcours des parents s'apparente à «un chemin de croix» et la pratique sportive ne devrait pas «être un surcoût pour les familles».
Par exemple, impossible de savoir combien de clubs peuvent accueillir des parasportifs, le travail de recensement est en cours. Seul chiffre connu, les quelque 100.000 licenciés des fédérations handisport et de sport adapté (handicap psychique et mental) mais d'autres fédérations en proposent aussi.
«Je reçois régulièrement des messages de gens qui me demandent où ils peuvent faire du sport», explique aussi Michaël Jeremiasz, l'un des champions les plus médiatisés.
Sujet «toujours crispant» dans chaque édition selon Marie-Amélie Le Fur: l'accessibilité notamment des transports. Et Paris n'échappe pas au problème. Le président du Comité international paralympique (IPC), Andrew Parsons, l'a d'ailleurs pointé dans un entretien au média spécialisé insidethegames cet été.
«Je peux être un ancien champion, un entrepreneur engagé, avec une vie épanouie, il n'y a pas une journée ou je ne suis pas discriminé d'une manière ou d'un autre», raconte Michaël Jeremiasz. Et de citer encore en exemple Londres, où six après les Jeux un million de personnes en situation de handicap supplémentaires occupaient un emploi selon l'IPC.