Avant de recevoir le Paris SG mercredi lors de la 5e journée de Ligue 1, Toulouse a ouvertement privilégié ses «vrais» supporters à ceux qui seraient venus au Stadium comme «à l'opéra» pour contempler les virtuoses parisiens Messi, Neymar ou Mbappé.
Au moment de partager en juin dernier le calendrier de la saison 2022-2023, le TFC, volontiers chambreur sur ses réseaux sociaux, avait associé à chacun de ses futurs adversaires un émoji caractéristique.
Un poisson pour les Merlus lorientais, une bouteille de champagne pour Reims... Seuls Paris et Marseille avaient subi un traitement à part avec la mascotte de la Coupe du monde 1998, Footix -- un terme aujourd'hui utilisé pour qualifier les amateurs de football frivoles changeant d'équipe au gré des résultats du moment.
Racheté en 2020 par un fonds d'investissement américain après sa relégation en Ligue 2, le «Téfécé» ne veut plus de ces «supporters du dimanche» dans ses tribunes et ne s'en cache pas. «Nos joueurs ont besoin d'évoluer devant un public qui les encourage, pas avec un public qui vient à l'opéra», dit à l'AFP Olivier Jaubert, directeur général du club toulousain.
Les billets, très convoités, pour la venue du PSG et de ses stars, ont fait l'objet de «ventes privées» échelonnées; d'abord à destination des groupes de supporters, puis des abonnés et de tous ceux venus au stade la saison dernière en L2. «Les gens qui sont venus voir Toulouse-Dunkerque, Toulouse-Quevilly ou Toulouse-Niort sont des gens qui aiment fondamentalement le club et le jeu que l'on pratique aujourd'hui», explique Jaubert.
«Ces gens-là, on doit les remercier et comment mieux le faire qu'en leur disant vous êtes parmi les premiers à avoir la possibilité d'acheter des places pour ce qui sera peut-être le sommet de la saison au Stadium», poursuit le dirigeant. Des packs associant le match du PSG avec le précédent (Lorient) et le suivant (Reims) ont également été proposés avant que n'ouvre enfin la billetterie grand public mercredi dernier pour les quelque 3.000 places restantes.
«Public de consommateurs»
Cette chasse aux «Footix» pourrait être renouvelée en février pour la réception de Marseille. «Certaines équipes ont un public à peu près partout en France», relève Jaubert. «Le risque, si vous ne privilégiez pas vos supporters, c'est que votre stade ne soit pas aux couleurs de votre club».
Supporter emblématique du TFC, Jean-Baptiste Jammes se souvient, gêné, d'un Stadium presque totalement acquis à l'adversaire pendant les années difficiles de la dernière décennie et de la lutte pour le maintien.
«C'était frustrant et problématique», témoigne le fondateur du site LesViolets.com sur l'actualité du club. «C'était encore plus exacerbé pour les matches de Marseille que ceux du PSG (...) Le club a mis en place des choses depuis pour que le Stadium soit violet et pas bleu ou blanc».
La dernière fois que Paris s'est déplacé dans l'enceinte toulousaine, en 2019, le principal groupe de supporters local, les Indians Tolosa, s'était élevé contre le prix des billets, au minimum à 70 euros: «Vous avez voulu un public de consommateurs et de gens acquis à la cause de l'équipe adverse, vous l'aurez...»
Les nouveaux dirigeants ont revu depuis leur politique tarifaire, avec cette fois des places à partir de 30 euros dans les virages, et reconquis un public longtemps remonté contre leurs prédécesseurs. «Quand vous faites une radiographie du Tef entre mars 2020 et aujourd'hui, c'est deux clubs différents», confirme JB Jammes. «C'était la guerre ouverte entre supporters et direction. Il y a aujourd'hui une vraie union, un record d'abonnés, des résultats...»
Toulouse s'est même trouvé un allié pour chasser le «Footix». Le Stade de Reims s'est aussi moqué cet été, dans une vidéo, de «supporters» cherchant laborieusement à se procurer des places pour aller voir le PSG au stade Auguste-Delaune.