Le club joue gros Man. City vs Premier League, le «procès sportif du siècle»

ATS

13.9.2024 - 17:24

Le «procès sportif du siècle», comme l'a surnommé la presse, oppose Manchester City et la Premier League à partir de lundi. Il porte sur de possibles malversations financières et fait planer la menace d'une sanction vertigineuse pour le club de Pep Guardiola.

Le club de Bernardo Silva est accusé d'avoir enfreint les règles du fair-play financier en championnat et sur la scène européenne sur près de dix ans (photo d'illustration).
Le club de Bernardo Silva est accusé d'avoir enfreint les règles du fair-play financier en championnat et sur la scène européenne sur près de dix ans (photo d'illustration).
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Keystone-SDA

La Premier League, dont le rôle est d'organiser et réguler le puissant championnat anglais, a renvoyé Manchester City devant une commission indépendante en février 2023, soupçonnant le club de possibles malversations financières entre 2009 et 2018.

Cette annonce a fait l'effet d'une bombe dans le royaume et bien au-delà, autant par l'ampleur des faits reprochés que par le pedigree de l'accusé. Depuis, l'attente s'est éternisée, générant de la frustration chez les parties et notamment City, qui clame son innocence et assure disposer de «preuves irréfutables» pour sa défense.

Le développement est venu jeudi de la presse britannique: selon elle, les trois membres de la commission indépendante vont auditionner les deux camps à partir de lundi, de manière confidentielle et dans un lieu inconnu. Les échanges devraient durer deux mois, avec un verdict attendu début 2025. La possibilité d'un appel repousse l'épilogue à plusieurs semaines, voire mois.

80 + 35, des soupçons à la pelle

Concrètement, le club fait face à 115 actes d'accusation: 80 infractions financières (période 2009-2018) et 35 supplémentaires pour un manque supposé de coopération dans l'enquête.

Selon la Premier League, les «Citizens» auraient enfreint le règlement de la Ligue exigeant la fourniture «en toute bonne foi» d'«informations financières exactes donnant une image fidèle de la situation financière du club», racheté en 2008 par le consortium Abu Dhabi United Group (ADUG), propriété du Cheikh Mansour.

La holding est soupçonnée d'avoir masqué des investissements financiers directs, en gonflant les recettes de sponsoring provenant d'Etihad, la compagnie aérienne émiratie et partenaire principale du club (sponsor maillot et naming du stade), afin de contourner les règles.

Manchester City doit par ailleurs répondre des violations présumées du fair-play financier de l'UEFA (période 2013-2018) et de la Premier League (2015-2018).

La commission indépendante doit aussi déterminer si Roberto Mancini, un des anciens entraîneurs, a bénéficié de compléments de salaires non déclarés, une pratique qui aurait pu également profiter à certains joueurs.

Quelles sanctions possibles ?

En vertu du règlement de la Premier League, la formation du nord de l'Angleterre encourt des sanctions allant de la simple réprimande à l'exclusion du championnat, en passant par le retrait de point(s), avec un risque de relégation en division inférieure.

La commission peut aussi conditionner les sanctions, susceptibles d'appel, à la réalisation d'actions correctrices dans un délai imparti. Autrement dit, la montagne peut accoucher d'une souris, ou donner lieu à un véritable séisme.

Depuis sa prise de contrôle par Abou Dhabi, le club au maillot bleu ciel a notamment remporté huit titres en championnat (dont les quatre derniers, une série record en Angleterre) et une Ligue des champions, le Graal européen, en 2023.

Hors terrain, cependant, le club a dû payer une amende de 60 millions d'euros en 2014 pour non-respect du fair-play financier de l'UEFA. Pour la même raison, il a été exclu deux ans de toutes les compétitions européennes mais la décision, rendue en février 2020, a ensuite été cassée par le Tribunal arbitral du sport.

Guardiola dans l'attente

L'entraîneur Pep Guardiola ne s'est jamais vraiment mouillé dans ce dossier, avouant ne pas connaître les détails de la procédure. «Je ne suis pas avocat. Il y a beaucoup d'avocats dans ce pays et en Espagne, beaucoup», a-t-il encore répété vendredi.

«Cela commence bientôt, j'espère que cela finira bientôt. La commission indépendante prendra sa décision et je l'attends avec impatience», a insisté l'Espagnol, qui par le passé a déjà affirmé qu'il resterait à la tête de l'équipe même en cas de relégation administrative. Il ne lui reste pourtant qu'un an de contrat.