Fabian Schär «Il y a un an, je n'aurais même pas imaginé une telle chose»

ATS

31.5.2023 - 19:32

Newcastle a brillamment décroché son ticket pour la prochaine Ligue des champions en terminant 4e de Premier League. L'international suisse Fabian Schär a vécu «la meilleure saison de (sa) carrière» avec les Magpies, a-t-il confié dans une interview à Keystone-ATS.

Fabian Schär a vécu «la meilleure saison de (sa) carrière» avec Newcastle. 
Fabian Schär a vécu «la meilleure saison de (sa) carrière» avec Newcastle. 
Keystone

Les réactions à cette première incursion en Ligue des champions depuis plus de deux décennies ont-elles été à la hauteur de votre exploit ?

«Quand on voit où nous en étions il y a quelques années, personne ne nous aurait cru capables d'un tel parcours. Les fans sont au septième ciel - et nous aussi, bien sûr. C'est incroyable que nous ayons pu maintenir notre rythme pendant toute une saison dans cette ligue si forte. Chapeau bas, chapeau bas».

Vous avez aussi dû encaisser pas mal de coups sur votre route vers le sommet...

«Pour moi aussi, cette saison a été incroyablement bonne sur le plan personnel. Je n'ai quasiment pas été blessé. Depuis bientôt 15 ans, il n'y a que deux équipes en dehors du top 6 qui ont atteint la Ligue des champions: Leicester et nous. Savoir cela fait du bien. Avoir réussi à nous imposer contre de tels concurrents pendant 38 matches, on ne peut guère l'apprécier à sa juste valeur».

Quelle est l'importance de ce succès avec Newcastle sur le plan personnel ?

«Pour moi, ce fut la meilleure saison de ma carrière, la plus belle. Bien sûr, la période à Bâle a également été importante. Mais si l'on regarde l'ensemble, tout est parfait. Je ne me suis jamais senti aussi bien dans un endroit qu'à Newcastle. La collaboration au sein de l'équipe et avec le staff est sans précédent. J'éprouve un grand sentiment de bonheur et beaucoup de gratitude de pouvoir vivre cette période».

Vous connaissez aussi le côté obscur du métier, avec des pépins physiques et diverses turbulences dans vos anciens clubs...

«J'ai déjà aussi eu de temps en temps de bons moments par le passé. Mais il me manquait la constance sur toute une saison. Maintenant, j'ai retrouvé le fameux ‘flow’. Tout roule, je vais bien, le coach m'accorde sa confiance: tout est toujours lié. Il y a donc peu de place pour les problèmes. Pour cela, j'ai beaucoup investi, j'ai travaillé dur».

Votre entraîneur, Eddie Howe, est un personnage passionnant. Un entraîneur relativement jeune, qui a notamment mené Bournemouth de la 3e division à la Premier League.

«C'est le meilleur entraîneur de ma carrière. Il est difficile de le définir par un seul domaine. Il a tellement de facettes intéressantes. Sa théorie à l'entraînement est de première classe, il n'y a pas l'ombre d'un ennui dans un meeting. Ce qu'il annonce a toujours du sens. La manière dont il gère notre relation sur le plan personnel me convient parfaitement. L'être humain est important pour lui. C'est une composante essentielle chez lui. Il lui arrive de se renseigner auprès d'un joueur un jour de congé; on peut discuter avec lui de choses tout à fait privées. J'évolue avec lui dans une relation de grande confiance».

Vous en êtes à votre cinquième saison. Quel statut revendiquez-vous en interne ?

«C'est presque moi qui suis à bord depuis le plus longtemps. Et comme je suis maintenant pratiquement sur le terrain à chaque match, mon statut s'améliore aussi. J'aime également m'impliquer parce que cette équipe est en parfaite santé. Les nombreux bons caractères simplifient aussi énormément la vie interne; le facteur plaisir n'est jamais négligé».

L'interaction se prolonge-t-elle au-delà du terrain ?

«Il s'agit plus pour moi de l'honnêteté inconditionnelle dans le vestiaire. On est prêt à aborder tous les sujets afin d'apporter des changements. Personne ne se place au-dessus de tout cela. De tels processus, de telles structures au cœur d'une équipe ont une valeur énorme dans les phases de défi sportif».

L'automne 2021 a marqué un tournant à Newcastle. De nouveaux bailleurs de fonds d'Arabie saoudite ont repris le club. De nombreux experts s'attendaient à ce que les Magpies soient submergés d'argent et investissent à tour de bras...

«Les nouveaux propriétaires ont investi de manière très réfléchie et ont effectué des transferts intelligents. Il n'y a pas eu de frénésie d'achat. Au lieu de cela, certains moyens ont été investis dans l'infrastructure. Ils ont vraiment fait du bon travail. Le changement de stratégie était nécessaire».

Qu'attend-on à l'avenir ? Les supporters se sont-ils habitués à du bon football après des décennies difficiles ?

«Pour l'instant, les fans sont tout simplement reconnaissants. Ils nous portent à bout de bras. Tout le monde sait d'où vient le club. Pendant des années, Newcastle a dû souffrir.»

A quel point la Premier League est-elle difficile à jouer ?

«C'est le championnat le plus difficile et le meilleur du monde. Tout le monde est d'accord là-dessus. Même Manchester City ne doit jamais lever le pied de l'accélérateur. Avec un ou deux pour cent de moins, cela ne suffit plus. C'est très exigeant».

La reprise après la déception de la Coupe du monde a-t-elle été exigeante ?

«Ça s'est bien passé, et c'était facile. J'ai pris du plaisir à revenir. J'ai tout de suite retrouvé mes marques».

A quelle place de la liste des priorités se trouve l'équipe nationale ?

«La saison de Premier League est longue et difficile. Beaucoup sous-estiment les exigences physiques et mentales. Il faut faire une bonne planification pour pouvoir tout supporter. De temps en temps, j'aimerais bien avoir une ou deux pauses de plus pour recharger mes batteries. Mais je ne veux évidemment pas me plaindre : je suis reconnaissant d'avoir ces deux options internationales».

Est-ce que la défaite 6-1 contre le Portugal en huitième de finale de la Coupe du monde a longtemps résonné en vous ?

«Ce n'était pas facile d'accepter tout cela. Certaines choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Mon attention s'est donc automatiquement déplacée vers Newcastle. Mais bien sûr, je suis toujours fier de jouer pour l'équipe nationale. Pour l'instant, je me réjouis avant tout de la formidable année passée avec mon club».

Et vous ferez votre retour en Ligue des champions cet automne...

«Je m'en réjouis énormément. Il y aura une atmosphère à couper le souffle dans notre stade. Pour moi, c'est un nouveau rêve qui se réalise. Il y a un an, je n'aurais même pas imaginé une telle chose. Pendant un an, nous avons résisté à la pression des grands clubs.»

ATS