Quasi hors course en Ligue des champions et mal partie en championnat d'Italie, la Juventus Turin est plus que jamais à la dérive, sans jeu, sans leaders, mais avec toujours à la barre le contesté Massimiliano Allegri. L'entraîneur a été confirmé à son poste malgré le revers à Haïfa (2-0) mardi.
«La honte ne suffit pas», a tonné le quotidien sportif turinois Tuttosport, en estimant que les Bianconeri ont «aussi perdu l'honneur» contre la modeste équipe israélienne, victorieuse de son premier match en phase de poules de C1 depuis vingt ans.
Une «honte» mise à la une par la plupart des journaux italiens, en écho aux propos du président Andrea Agnelli qui a assuré en Israël qu'il «faut avoir honte et demander pardon aux supporters».
Le président de l'âge d'or bianconero – neuf scudetti consécutifs entre 2012 et 2020, un record – n'avait jamais connu sa Juve aussi mal, alors qu'il défend toujours la création d'une Super Ligue européenne réservée aux plus grands clubs.
Déjà en difficulté en championnat, où ils ne sont que huitièmes après neuf journées, à dix points du leader napolitain, les Bianconeri font peine à voir en Ligue des champions, compétition qu'ils ont gagnée deux fois (pour neuf finales).
Battue trois fois en quatre matches, la «Vieille dame» (à égalité de points avec le Maccabi) compte cinq points de retard sur le Paris Saint-Germain et Benfica et ne paraît plus en mesure de leur contester la qualification pour les huitièmes de finale.
Joueurs tétanisés
Rater le Top 16 serait une première depuis l'exercice 2013/14. Finir troisième permettrait au moins d'essayer de se rattraper en Ligue Europa, alors que le club célèbrera en 2023 les cent ans de propriété de la famille Agnelli. Au-delà du classement, le plus inquiétant est la manière.
La Juve a été dépassée par la vitesse du Maccabi et a rarement été en position de marquer. Pire encore, comme contre l'AC Milan (2-0) samedi en Serie A, elle a sombré en silence, avec des joueurs comme tétanisés et sans plan de bataille.
L'entraîneur, sacré cinq fois champion d'Italie (2015 à 2019) lors de son premier bail, avait été épargné la saison dernière, celle de son retour, malgré des résultats déjà décevants: quatrième en championnat, élimination en 8e de C1 et une saison sans titre, une première depuis onze ans pour le club. Mais «Max» concentre désormais les critiques.
Andrea Agnelli a toutefois refusé de désigner des «responsabilités individuelles» et a confirmé son entraîneur, dans l'attente d'un bilan en fin de saison. «J'ai du mal à songer à un changement en cours de saison», a assuré le président, ajoutant que «ce n'est pas de la faute de l'entraîneur si un joueur ne réussit pas un tacle...»
«Ce n'est pas nous»
«Andrea Agnelli n'est pas un homme aux choix simples et conventionnels. Mais confirmer Massimiliano Allegri est la décision la plus difficile, risquée et impopulaire qu'il pouvait prendre», a jugé Tuttosport.
Plusieurs médias estiment que le statu quo s'explique aussi en partie par le coût d'un éventuel licenciement d'Allegri, revenu en 2021 avec un contrat confortable de quatre ans et un salaire annuel estimé à 7 millions d'euros.
L'intéressé assure n'avoir «jamais» songé à démissionner: «Quand un défi devient plus difficile, il est encore plus beau. Il faut en sortir avec du caractère et de la passion», a-t-il lancé, en annonçant la mise à l'isolement de son équipe jusqu'au derby contre le Torino, samedi, où il attend une réaction de ses troupes.
«Faisons notre examen de conscience. Ce n'est pas nous et cela ne peut pas être nous», a admis le capitaine Leonardo Bonucci. Les joueurs ne sont en effet pas exempts de «responsabilité»: personne n'émerge pour sortir l'équipe de sa léthargie, que ce soit chez les «sénateurs» (Bonucci, Cuadrado, Danilo) ou les jeunes stars annoncées (Vlahovic, Locatelli).