Alexia Paganini et Lukas Britschgi défendront les couleurs de la Suisse à l'occasion des Championnats du monde de patinage artistique qui commencent mercredi à Stockholm dans une bulle à huis clos. Les deux athlètes chercheront aussi une qualification olympique.
Des Championnats du monde sont bien évidemment un événement en soi, mais cette année plus que les autres. Hormis quelques grands prix locaux, les athlètes n'ont plus eu de compétitions depuis plus d'une année. La dernière sortie d'importance remonte à la fin janvier 2020 à Graz avec les Championnats d'Europe, soit une éternité.
Alexia Paganini y avait d'ailleurs pris une magnifique 4e place. Fin septembre, elle avait encore obtenu la 2e place du Nebelhorn Trophy à Oberstdorf. «Parfois c'était vraiment dur de trouver la motivation sans connaître la suite de la saison», a-t-elle déclaré à Keystone-ATS.
En Suède, Alexia Paganini va pouvoir présenter son travail. Et il y a eu du changement dans la vie de celle qui a choisi de quitter le New Yersey pour rejoindre Stéphane Lambiel à Champéry au mois de mai l'an dernier. Avec le Valaisan, Alexia Paganini a progressé. Parce que dans la station chablaisienne, elle côtoie d'autres grands athlètes comme la Japonaise Rika Kihira, 4e mondiale en 2019, ou le Japonais Shoma Uno, vice-champion olympique à Pyeongchang.
Deux combinaisons triple-triple
Proche de ses élèves, Stéphane Lambiel sait quand vient le temps de pousser ses élèves et quand il convient de leur laisser des plages de repos. Patineur le plus doué sur le plan artistique, Lambiel sait transmettre cette fibre à ses ouailles.
Alexia Paganini met davantage d'émotions et davantage de coeur dans son interprétation. Et elle a su monter d'un cran son niveau technique avec notamment deux combinaisons triple-triple lors du libre. «Mon programme long est bien plus dur que les années précédentes», reconnaît-elle.
Diana Barbacci-Lévy, présidente de Swiss Ice Skating, espère que la jeune patineuse de 19 ans réussisse une place entre la 10 et la 15e: «Alexia bénéficie d'un très bon classement parce que la fédération internationale tient compte des performances de l'année dernière et tout le monde n'était pas là. Du coup, elle va patiner dans l'avant-dernier groupe et sera jugée par rapport à des filles classées entre le 6 et le 12e rang. Je pense qu'entre 10 et 15 c'est jouable. Dans le top 10? On ouvre le champagne!»
Juge internationale, Diana Barbacci-Lévy connaît très bien les rouages d'un sport très codifié et où les surprises sont rares: «Alexia dispose d'une belle maturité de patinage. Elle dégage du charisme et de l'élégance. Je dirais même de la sensualité dans son programme court. Elle aura une belle carte à jouer.»
Pour Britschgi, une place dans les 24
Malgré des éléments techniques en progression et des tentatives de quadruples à l'entraînement, Paganini ne peut rivaliser avec les Russes et notamment Alexandra Trusova et Anna Shcherbakova. Les deux jeunes femmes de 16 et 17 ans sont en effet capables de poser des quadruples. Trusova, entraînée par Evgeni Plushenko, possède même quatre quadruples dans son arsenal (Salchow, Lutz, Flip et Toe-Loop). Stéphane Lambiel la voit capable d'y arriver dans un bon jour, mais le moment n'est pas encore arrivé.
A Stockholm, Alexia Paganini va tenter de se qualifier pour les JO de Pékin et pour ce faire il faut terminer dans les 24 premières, ce qui ne devrait pas poser de problèmes.
Chez les messieurs, c'est Lukas Britschgi qui représentera la Suisse. Le but pour le Schaffhousois va être d'entrer dans les 24. «Il est actuellement 25e au ranking, précise Diana Barbacci-Lévy. Il aura besoin d'un sans-faute pour passer le cut. Tous les athlètes ou presque présentent un quadruple au minimum et le niveau est absolument incroyable, notamment avec Nathan Chen et Yuzuru Hanyu.» La bataille entre les deux hommes va être belle et se faire à coups de quadruples en combinaison.