Arnaud Boisset va disputer sa première saison en Coupe du monde cet hiver. Le Valaisan, qui s’alignera en super-G, s’est confié à la presse à l’aube d’écrire une nouvelle page de sa carrière.
Il sera l’un des nouveaux visages cet hiver en Coupe du monde de ski alpin. Vainqueur de la Coupe d’Europe de super-G la saison passée, Arnaud Boisset a décroché son ticket d’entrée pour la cour des grands. Un accomplissement pour le Valaisan de 25 ans.
«Ça fait 15 ans que je dédie beaucoup de ma vie au ski. Je suis arrivé là où je voulais être, j'aimerais vraiment en profiter. En général, il y a une forte corrélation entre le plaisir et la performance chez moi, donc quand j'ai du plaisir, je skie assez vite. Ce sera ça le but recherché», a-t-il confié aux journalistes romands présents à la journée média organisée par Swiss-Ski à Dübendorf la semaine dernière.
Boisset espère qu’il parviendra à surfer sur «le flow» de l’hiver dernier pour performer chez les cadors. «À la fin de la saison passée, il y a tout qui fonctionnait. J’étais vraiment mentalement et physiquement bien, donc j'aimerais bien continuer sur cette vague. J’espère que l’intersaison ne m’aura pas coupé dans mon élan», a expliqué le gagnant de deux super-G l’hiver passé.
Avec son nouveau statut, le natif de Martigny a vu son quotidien être quelque peu chamboulé en intégrant un cadre davantage professionnel. Il a notamment dû changer de groupe d'entraînement et dispose désormais d’un serviceman personnel. «Ça fait un peu bizarre parce que je me dis que son seul souci de l'année (au serviceman), c'est que finalement j'aie les meilleurs skis au départ et c'est fou. Nous, quand on rentre à la maison, on s'entraîne physiquement, mais lui il travaille sur mes skis pour que la fois suivante tout fonctionne bien. C'est assez fou.»
Un palier à franchir sur le plan mental
Boisset sent «l’excitation monter» à l’approche d’ouvrir un nouveau chapitre de sa carrière. Pour réussir le grand saut, il est conscient qu’il devra franchir un palier sur le plan mental. «Je suis assez convaincu qu'entre le 40e et le 5e mondial, c'est dans la tête que ça se joue. Il y a un gros pas à franchir déjà. Toutes les contraintes qu'il y a en plus sur la Coupe du monde, par rapport à la vitesse, par rapport aux distances entre chaque porte, par rapport à la longueur des pistes, forcément que ça fait beaucoup. Donc oui, il y a un gros travail mental de ce côté-là», a-t-il estimé.
Pour l’aider, Boisset travaille déjà avec un coach mental spécialisé dans l'hypnose. Mais pour lui, ses proches sont également essentiels pour son bien-être. «L’entourage en général, les amis en dehors du ski, pour moi ça me parle beaucoup. J’essaie de passer le maximum de temps avec durant l'été, parce que pendant l'hiver c'est un petit peu plus compliqué.»
Il peut aussi compter sur le soutien de ses coéquipiers, en particulier les cadors, pour l’épauler. «On partage quand même assez bien. Je trouve que ça a changé depuis quelques saisons. Les plus expérimentés aident les plus jeunes. Je pense qu'on se sert pas mal les coudes de ce côté-là», a-t-il reconnu.
«J'essaie de me préparer au mieux en regardant ce qui s'est fait les dernières années, en apprenant des autres athlètes aussi, parce qu'on a quand même des repères. C'est un sport individuel, mais on le pratique en équipe, déjà dans l'équipe de Suisse, mais aussi dans l'équipe de la marque de ski (ndlr : Salomon)», a ajouté Boisset.
«Au pire, je suis très fier d'être arrivé où je suis arrivé»
Nouveau visage en Coupe du monde
En passant à l’échelon supérieur, ce dernier a dû laisser derrière lui ses deux compères de vitesse en Coupe d’Europe : les espoirs valaisans Denis Corthay et Christophe Torrent. «On s'est beaucoup entraîné ensemble cet été. Ce sont deux athlètes que j'adore. J’espère que dans quelques années, on sera dans le groupe Coupe du monde tous ensemble parce qu'on rit beaucoup avec tout ce qu’il y a en dehors de la piste de ski. Avec les résultats et le niveau qu'ils ont, ils ne vont pas tarder à me rejoindre», a-t-il espéré.
Pour autant qu'il se qualifie, Arnaud Boisset devrait entamer sa saison début novembre lors des descentes de Zermatt-Cervinia. Mais quoi que l’avenir lui réserve, le Valaisan est d’ores et déjà reconnaissant de son parcours, marqué par des moments douloureux dans le passé.
«Comme on le sait, le sport d'élite est fait plus d'échecs que de réussites, même si ce sont les réussites qui font le plus de bruit. Ça n'a pas toujours été facile. J’ai de la chance d'avoir un bon équilibre, d'avoir d'autres choses dans la vie. Et je me suis toujours dit que, au pire, je suis très fier d'être arrivé où je suis arrivé. Si ça s'arrêtera là, c'est comme ça. Mais là, le fait d'avoir «remonté la pente», c’est génial. Je pense que l'entente qu'on avait entre Romands l'année passée en Coupe d'Europe a aidé tout le monde à faire la meilleure saison de sa carrière. Ce n’est pas le fruit du hasard», a-t-il conclu.