Ramon Zenhäusern a retrouvé le devant de la scène au cours de la Coupe du monde 2022/23, où il est monté en puissance pour cueillir deux succès dont un dans les finales en Andorre. «Je suis devenu plus serein», souligne le Valaisan dans une interview accordée à Keystone-ATS avant le premier slalom de l'hiver prévu samedi à Gurgl.
Qu'est-ce qui plaide pour que Ramon Zenhäusern reprenne là où il s'est arrêté l'hiver dernier ?
«Je suis en forme, je n'ai pas de problème physique, et la préparation s'est déroulée comme je l'avais imaginé. Et je suis loin d'avoir perdu le plaisir de skier.»
En Coupe du monde de slalom, votre 3e place d'il y a trois ans a été suivie d'une chute à la 25e place, pour des raisons connues, puis d'un retour à la 3e place la saison dernière. Le Ramon Zenhäusern de 2023 est-il le même que celui de l'hiver 2020/21 ?
«Une comparaison est tout à fait possible, mais je suis un autre coureur. Et ce dans plusieurs domaines.»
Dans quelle mesure ?
«J'ai bien sûr évolué. C'est vrai en ce qui concerne la technique. Ma manière de conduire le ski est différente de celle de l'époque. Mais cela vaut aussi pour le mental et l'attitude.»
Qu'est-ce qui a concrètement changé chez vous en ce qui concerne la technique ?
«Après l'avant-dernière saison, qui s'était mal passée et au cours de laquelle plusieurs choses désagréables se sont enchaînées (blessure à l'épaule, problèmes de dos, recherche du réglage optimal du matériel, infection au Covid-19), j'ai tout analysé et remis beaucoup de choses en question. J'en suis arrivé à la conclusion que tout ne fonctionnait plus pour moi en ce qui concerne la technique. Ma position sur les skis était devenue de plus en plus basse et donc peu propre. C'est pourquoi je me suis à nouveau concentré sur la technique lors des entraînements. Je n'ai fait des courses chronométrées que vers la fin de la préparation, en novembre.»
Au début de la saison dernière, vous êtes-vous aussi retrouvé un peu dans la situation d'il y a six ou sept ans, lorsque peu de gens croyaient en votre potentiel ? On vous a notamment dit que vous aviez dépassé votre zénith.
«Cela montre simplement à quel point le sport de haut niveau évolue rapidement. Tout cela m'a également surpris moi-même. Avant l'avant-dernier hiver, j'avais fait partie des sept meilleurs slalomeurs pendant quatre saisons consécutives.»
Qu'est-ce que toutes ces critiques et ces appréciations injustifiées ont provoqué chez vous ?
«Je les ai plutôt trouvées amusantes et divertissantes. En tant qu'athlète, tu dois te tenir au-dessus de ce genre de choses.»
Le manque de respect envers vous et vos performances ne vous a pas fait mal ?
«Au fond de moi, oui. Les commentaires selon lesquels je n'arriverais jamais au sommet en étant aussi grand, j'ai dû les entendre dès mes premières années en tant que "haricot". Être réduit à sa taille en tant qu'athlète a quelque chose de discriminatoire pour moi. Est-ce qu'un petit coureur à qui il serait arrivé la même chose aurait été aussi vite mis de côté ? Je ne sais pas.»
Mais vous avez aussi retiré du positif de l'hiver gâché en question.
«Tout ce qui s'est passé cet hiver-là m'a aussi fait réfléchir. J'ai remis en question tout le système, et ce que je fais en tant que skieur. En tout cas, j'ai plus appris de l'avant-dernière saison que des quatre hivers précédents. Mais surtout, ces paroles m'ont motivé.»
La motivation devait être extrêmement forte. L'hiver dernier, vous avez rapidement recollé aux meilleurs. Vous êtes-vous surpris vous-même ?
«J'ai voulu avancer pas à pas. Le fait d'avoir même réussi à remporter à nouveau des victoires en fin de saison m'a tout de même un peu surpris. Mon expérience m'a certainement aidé dans cette démarche.»
Par rapport à la saison dernière, la situation de départ est différente. Il y a un an, la devise était «pas à pas». Qu'en est-il maintenant que vous faites à nouveau partie des meilleurs ?
«Bien sûr, la situation de départ est différente. J'essaie entre autres de profiter davantage de l'ensemble, de ne pas me focaliser de manière crispée sur les résultats. J'aime avant tout skier, que ce soit en tant que numéro 3 ou numéro 25 mondial. Je suis devenu plus serein et j'espère conserver cette sérénité.»
Ce qui a aussi changé, c'est que vous pouvez à nouveau skier pour la victoire dès le début, ce qui n'était logiquement pas votre objectif premier à l'entame de la saison précédente.
«Oui, oui, mais le niveau du slalom est désormais extraordinairement élevé. Sur les 25 premiers de la liste de départ de la Coupe du monde, pratiquement tous sont déjà montés sur le podium. Tout est tellement serré, alors prendre le départ dans les sept premiers ne veut rien dire. Il s'agit avant tout de montrer son meilleur ski, d'exploiter son potentiel.»
Mais vous êtes maintenant à nouveau dans la situation où, si vous êtes à votre niveau, vous pouvez viser le haut du tableau...
«Oui (rires). Mais en slalom, tout est sur le fil du rasoir, et donc rien n'est prévisible. Sans risque, tu ne gagnes rien.»
La critique est omniprésente à l'encontre du calendrier hypertrophié de la Coupe du monde. Mais le fait que 13 slaloms figurent au programme doit vous convenir.
«Bien sûr, oui. C'est aussi ce que pensent beaucoup d'autres slalomeurs purs, car chez nous, la spécialisation est plus répandue que dans d'autres disciplines. A propos de calendrier, je serais le premier à être favorable à un allongement de la saison, car je suis sur les skis depuis des années jusqu'à fin avril, début mai.»
Le changement climatique est aussi un sujet majeur. Pour vous, en tant qu'athlète, c'est une épée à double tranchant.
«J'essaie d'apporter ma contribution à l'environnement. Je ne veux pas m'exposer. Je n'aime pas prendre position publiquement ou faire la morale aux gens. En tant que skieur, avec tous mes voyages, je ne peux pas être un modèle. C'est pourquoi je préfère rester en retrait dans les discussions.»
Un cas explosif s'est déroulé pour ainsi dire devant votre porte ces dernières semaines, en amont des descentes de Zermatt/Cervinia. Comment voyez-vous toute cette problématique ?
«En ce qui concerne l'utilisation de pelleteuses, je peux seulement dire que sans ces travaux, il ne serait pas possible d'y skier en été, que ce soit en tant que compétiteur ou en tant que skieur amateur. De plus, je ne sais pas non plus si la neige fondra plus vite si les crevasses sont ainsi comblées.»