Mauro Caviezel a remporté le globe de Super-G. Et ce trophée ne salue pas que ses aptitudes sur les skis, il sonne comme une récompense à plusieurs niveaux.
Le Grison se tient au milieu du podium entre ses dauphins Vincent Kriechmayr et Aleksander Aamodt Kilde. Dans l'une de ses mains, il tient son globe de cristal. Enfin, pas tout à fait le sien. Beat Feuz l'avait pour la cérémonie de la descente la veille et le Bernois l'a gentiment prêté à son coéquipier pour l'occasion. Mais le plus drôle, c'est que ce globe appartient à Henrik Kristoffersen. Il s'agit de celui du slalom obtenu par le technicien norvégien voici quatre ans.
Un globe en prêt, une cérémonie improvisée à la hâte, ou quand la FIS doit s'adapter à la situation en faisant du bricolage. Mais cela n'a pas empêché le Grison d'arborer un sourire radieux dans l'aire d'arrivée. Bien sûr qu'il aurait préféré une grande fête avec des émotions et davantage de public, mais il ne va pas bouder son plaisir. En ces temps troubles liés au coronavirus et aux manifestations annulées, on prend ce qui vient.
Parce que pour Caviezel, ce globe représente le travail d'un athlète qui n'a jamais baissé les bras en dépit des blessures. Médaillé de bronze en combiné voici trois ans à St-Moritz, le Grison de 31 ans a désormais un nouveau haut fait dans sa carrière. Une carrière qui a été déréglée par des soucis de santé. Ce globe, c'est une façon de dire à tout le monde qu'il ne faut jamais abandonner.
Son premier podium, Caviezel l'a obtenu lors des finales de coupe du monde à Aspen en 2017. «Si je n'y croyais plus, j'aurais tout arrêté, avait-il dit à l'époque de cette troisième place dans le Colorado. Mais je savais que je pouvais faire plus que ce que j'avais montré avant et entre mes pauses pour blessure.»
Il y a quatre ans lors d'un camp au Chili, Caviezel s'était brisé le péroné. Puis en avril de l'année suivante, ce sont les ligaments qui ont cédé en entraînement à Sölden. Et encore quatre mois plus tard, une blessure à la main gauche avait nécessité une nouvelle intervention chirurgicale.
Modèle de résistance, le Grison n'a jamais pleurniché. Ces épreuves l'ont endurci. Il les a prises comme un défi. «D'autres ont subi des blessures bien plus importantes, relativisait-il en pensant notamment à son modèle Silvano Beltrametti, aujourd'hui en fauteuil roulant. Toutes mes blessures ne sont rien à côté des siennes.»
Dimanche en Norvège, Caviezel a dû revoir le chemin parcouru dans sa tête. Et dans sa main, cette récompense pour sa persévérance. Et que ce globe ait été prêté ne change absolument rien.