En grande championne, Lara Gut-Behrami a décroché samedi la médaille de bronze lors de la descente des Championnats du monde de Cortina, entrant un peu plus dans l'histoire du ski suisse. Interview d'une femme heureuse.
Lara Gut-Behrami, vous échouez à 37 centièmes de la médaille d'or de Corinne Suter. Où s'est faite la différence ?
"Je pense avant tout que c'était une manche très positive. Remporter deux médailles en deux courses, ça ne m'était encore jamais arrivé. Ce n'était pas une manche parfaite, mais j'ai quand même réussi à être sur le podium. C'était pourtant très serré. C'est donc plus que positif. J'ai fait une faute au deuxième intermédiaire et je n'ai pas choisi la meilleure ligne sur le bas. Le secteur du "Rumerlo" est un passage clé, où on peut gagner ou perdre vraiment beaucoup de temps. C'est malheureusement la deuxième option qui s'est passée."
La fatigue a-t-elle joué un rôle prépondérant lors de cette descente ?
"On est toutes fatiguées. Corinne est fatiguée, je le suis aussi. Vendredi, c'était surtout qu'on avait eu très peu de temps pour récupérer des efforts de la veille. Cette nuit, j'ai bien réussi à dormir et je me suis bien sentie aujourd'hui (ndlr : samedi). Je me réjouis maintenant de rentrer à la maison afin de bien récupérer pour la semaine prochaine car ce sera à nouveau très intense. La fatigue n'est pas une excuse. J'ai simplement fait des fautes en descendant. J'ai quand même la médaille de bronze, je ne suis pas 15e non plus."
Justement, que représente cette nouvelle médaille à vos yeux ?
"Je suis simplement satisfaite car je suis à nouveau capable de skier comme je le souhaite. Je reproduis le ski pour lequel j'ai travaillé tous les jours."
Avec désormais sept breloques mondiales à votre compteur, vous égalez le record suisse détenu par Erika Hess. Une fierté ?
"Par le passé, la Suisse a réalisé tellement de grandes choses. Quand on regarde ce qu'il s'est passé dans les années 80, il n'y avait quasiment que les Suisses qui gagnaient. On est encore loin de tout ça. De mon côté, j'essaie simplement de faire mon truc."
Vous évoquez les années 80. Votre duel avec Corinne Suter rappelle forcément celui qu'il y a avait à l'époque entre Michela Figini et Maria Walliser...
"Ouf... Non, je ne pense pas (rires) ! Franchement, ce sont juste de belles histoires que vous pouvez écrire. Au départ, ce n'est pas Corinne contre moi. On se bat certes contre tout le monde, mais on est avant tout coéquipières. Plus globalement, Corinne apporte beaucoup de positivité au team."
Vous skiez à niveau exceptionnel cette saison. Estimez-vous être même meilleure qu'en 2016 lorsque vous aviez remporté le Gros Globe de cristal ?
"Je suis surtout une autre personne qu'il y a cinq ans et j'en suis bien contente. Cela n'a rien à voir avec ce qu'il s'est passé en 2016. J'ai aussi cinq ans d'expérience en plus. Avec les années qui passent, on évolue et on s'améliore généralement."