Sécurité dans le ski alpin «C'est la honte» - Les stars du ski suisse réclament des mesures

Clara Francey, à Dübendorf

2.10.2025

Depuis le tragique accident de l'Italien Matteo Franzoso, la question de la sécurité dans le ski alpin est plus que jamais au cœur des discussions. Conviée mercredi à Dübendorf en marge de la traditionnelle journée de remise du matériel de Swiss-Ski, la presse helvétique a naturellement voulu connaître l'avis des stars du ski suisse sur le sujet.

Arnaud Boisset : «Après une telle tragédie, on remet tout en question»

Arnaud Boisset : «Après une telle tragédie, on remet tout en question»

Au micro de blue Sport, les skieurs valaisans Arnaud Boisset et Justin Murisier racontent leurs pensées et émotions à l'annonce du tragique décès de Matteo Franzoso après une chute à l'entraînement au Chili.

02.10.2025

Clara Francey, à Dübendorf

«En tant qu'athlète, c'est compliqué», estime Arnaud Boisset. «D'un côté, on doit être capable de risquer notre vie pour performer et donc gagner notre vie, mais de l'autre, on aimerait se protéger de blessures qui pourraient avoir un impact sur le reste de notre existence. C'est un sujet délicat», juge le Martignerain de 27 ans, qui s'apprête à faire son retour après un hiver quasi blanc en raison de sa terrible chute à Beaver Creek le 5 décembre 2024.

Sport extrême

Pour Justin Murisier, il convient également de replacer le contexte et de souligner le travail déjà accompli. «Il y a dernièrement eu énormément de critiques sur la sécurité et, à mon goût, il y en a eu beaucoup trop, parce que ça reste un sport extrême que nous pratiquons et que j'ai l'impression que la FIS fait son maximum, en compétition en tout cas. Ces dernières années, on a par exemple vu arriver des protections comme les airbags et les sous-vêtements anti-coupure, donc il ne faut pas toujours mentionner le négatif. Maintenant, c'est vrai qu'il reste des progrès à faire, notamment sur les casques», explique le Bagnard de 33 ans.

Sur la tête des skieurs, le problème est réel : la dernière révision du règlement de la FIS sur les casques date d'il y a plus de dix ans et les cerveaux des athlètes restent très peu protégés, comme l'a récemment révélé une enquête publiée dans le «Matin Dimanche». «C'est un peu la honte, pour ne pas dire le folklore quand on pense qu'on a une certification de 2013 pour nos casques, mais je pense qu'à la FIS, s'ils ne veulent pas passer pour des clowns, ils vont rapidement réagir», évalue Justin Murisier. Ce que la championne du monde de slalom Camille Rast espère, elle qui souffre des chocs des piquets contre sa tête en géant.

Fatalistes, mais pas suicidaires

Marco Odermatt et Alexis Monney rejoignent leurs coéquipiers valaisans sur le fait que le risque zéro n'existe pas dans ce sport. «Il sera, je pense, malheureusement impossible d'éviter les grosses blessures au regard des vitesses auxquelles on va en descente», juge le Fribourgeois de 25 ans. «Il faudrait qu’on mette le frein à main, mais on a tous envie de gagner donc…».

Si tous s'accordent à dire que le risque ne peut être totalement éliminé dans le ski, il peut et doit être réduit, surtout lors des entraînements. «Le jour de l'accident de Matteo Franzoso, on s'est aussi entraîné, il manquait également des filets, il y avait aussi des cailloux pas loin», confie Arnaud Boisset, qui était en camp avec l'équipe suisse de vitesse à quelques kilomètres seulement du lieu du drame.

«Nous, athlètes, sommes un peu pieds et poings liés face à cette situation, car on ne peut pas faire grand-chose. Mais c'est urgent d'agir. Il faut que les décideurs, je parle des fédérations et des équipementiers, prennent des décisions concrètes pour améliorer la sécurité. C'est une question de moyens, humains comme financiers. On ne doit pas faire de sacrifices sur la sécurité», poursuit-il.

Solutions évoquées

En ce sens, Marco Büchel a, dans une lettre ouverte publiée sur ses réseaux sociaux, appelé la FIS à «investir de l'argent au nom de la sécurité». L'ancien skieur liechtensteinois propose «la création d'un fonds pour le ski, afin d'aider les fédérations à installer des filets de sécurité aux endroits critiques». De son côté, Justin Murisier avance une autre idée : «Faire des centres d'entraînement pourrait être une solution. Après, il faut trouver des stations qui acceptent de fermer des pistes à l'année et ça ce n'est pas simple».

En définitive, la sécurité dans le ski alpin progresse, mais reste incomplète. Aucune solution miracle ne pourra toutefois tout résoudre.