A la veille du début de la Coupe du monde à Sölden, les critiques à l'encontre des courses disputées sur des glaciers en automne se font de plus en plus pressantes. La FIS ne peut plus fermer les yeux sur le changement climatique, mais peine à trouver des solutions. Une chose est sûre : détourner le regard ne fonctionne plus.
Le communiqué de Greenpeace Autriche en septembre n'a pas manqué son effet. Depuis avril, des pelleteuses détruisent des parties du glacier de Sölden pour faire place au parcours de la Coupe du monde, a critiqué l'association de protection de l'environnement. Des explosions ont même «probablement» été effectuées.
Zermatt/Cervinia s'est également retrouvée sous les feux des projecteurs en raison des travaux de construction d'une descente qui se veut visionnaire, mais qui est critiquable dans le contexte climatique, dans les hautes montagnes entre la Suisse et l'Italie. Il s'est avéré que les atteintes à la nature s'étendaient au-delà de la zone autorisée.
Le comité d'organisation local de Zermatt/Cervinia a certes promis des adaptations et affirmé qu'il s'agissait d'une erreur commise à son insu, mais le directeur des remontées mécaniques de Sölden, Jakob Falkner, a qualifié les reproches de «malveillants» et expliqué qu'il s'agissait de «travaux d'assainissement normaux en raison du recul du glacier».
Selon lui, les travaux concernaient «exclusivement la surface de la piste existante» et les explosifs servaient à «utiliser moins de neige pour la piste» en réduisant la taille de la roche. L'impression est toutefois la suivante: une bonne piste est plus importante pour les exploitants et les organisateurs de courses que la protection des glaciers.
Greenpeace n'a pas hésité à tacler la FIS. «La Fédération affirme se soucier du climat et miser sur la durabilité, mais les images actuelles prouvent une fois de plus que de telles déclarations ne sont que du "greenwashing"», a déploré la porte-parole Ursula Bittner.
Des paroles plutôt que des actes
En effet, la Fédération internationale de ski ne fait pas non plus bonne figure dans le présent, après avoir fermé les yeux pendant des années sur la problématique qui s'annonçait. Alors qu'elle inscrit la durabilité sur son drapeau et que le président Johan Eliasch a parlé, lors de son discours d'investiture il y a deux ans, du fait que la FIS serait la première fédération sportive internationale à être neutre en CO2 en 2022, Eliasch élabore en coulisses des plans pour des courses à Dubaï. La Coupe du monde de ski alpin traverse désormais l'Atlantique deux fois au lieu d'une, et le calendrier est passé de 80 à 90 courses pour cette saison.
Les images des pelleteuses de Sölden sont «une catastrophe pour la crédibilité du sport», a déclaré l'ancien coureur allemand Felix Neureuther dans un podcast. C'est «très perturbant et tout simplement plus d'actualité», a-t-il lâché.
L'industrie du ski, qui souhaite ainsi stimuler les ventes pour l'hiver, est à l'origine de ce début de saison précoce. Pour elle, le début en octobre reste indispensable. Et Hans Flatscher, le directeur alpin de Swiss-Ski, soutient également le calendrier actuel : «Nous devrions être présents lorsque cela intéresse le plus les gens. C'est justement plus le cas en automne qu'en avril»
Remise en question des athlètes
Dans ce contexte, de plus en plus d'athlètes remettent en question le moment du début de la saison. Mikaela Shiffrin, par exemple, a récemment réfléchi lors d'une conférence de presse de son équipementier, alors qu'il faisait 25 degrés à l'extérieur : «Est-ce le moment de faire des courses de ski ? Probablement pas. Jusqu'à quel point devons-nous adapter notre environnement à un calendrier que nous voulons avoir ? Ou ne devrions-nous pas adapter nos calendriers à l'environnement ?»
Lara Gut-Behrami a déclaré de manière un peu exagérée : «Si les gens se tiennent en T-shirt dans l'aire d'arrivée et que ceux qui sont devant la télévision portent un maillot de bain, ce n'est pas logique. Cela ne leur donne pas envie de skier eux-mêmes». Michelle Gisin estime que l'on «continue à travailler davantage contre la nature qu'avec les circonstances».
Des paroles que Marc Girardelli, ancien skieur de légende aujourd'hui âgé de 60 ans et actif dans le domaine des sports d'hiver, a balayées d'un revers de main en déclarant que «les athlètes devraient arrêter de scier la branche sur laquelle ils sont assis». Mais il n'est plus possible de détourner le regard, de se taire et de continuer comme si de rien n'était.